(IFEX-TMG) – Ci-dessous, une déclaration commune des membres de l’IFEX-TMG: Les membres de l’IFEX-TMG appellent le Président tunisien à ordonner l’arrêt du harcèlement des défenseurs des droits humains et des journalistes Nous soussignés, membres du Groupe d’observateurs de la Tunisie (TMG) de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), appelons encore une fois le Président […]
(IFEX-TMG) – Ci-dessous, une déclaration commune des membres de l’IFEX-TMG:
Les membres de l’IFEX-TMG appellent le Président tunisien à ordonner l’arrêt du harcèlement des défenseurs des droits humains et des journalistes
Nous soussignés, membres du Groupe d’observateurs de la Tunisie (TMG) de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), appelons encore une fois le Président Zine El Abidine Ben Ali à tout mettre en oeuvre pour mettre un terme à la persécution des défenseurs des droits humains et des journalistes.
En effet, nous avons reçu depuis la dernière mission d’enquête du TMG en Tunisie effectuée en avril 2006, des rapports faisant état de harcèlement du journaliste Hamadi Jebali et de sa famille, du défenseur des droits humains Moncef Marzouki, du journaliste Mohamed Fourati, de membres du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), ainsi que de membres de la famille de l’avocat et défenseur des droits humains emprisonné Mohamed Abbou.
Au cours de cette mission, les membres de l’IFEX-TMG en visite en Tunisie furent surpris de voir au moins une personnalité officielle leur déclarer qu’il s’attendait a ce qu’un terme fut mis à cette série de missions et de rapports après la fin du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) en novembre 2005.
Notre mission d’observation de l’état de la liberté d’expression en Tunisie se poursuit, et nous tenons à ce propos à exprimer notre consternation devant le harcèlement systématique des défenseurs des droits humains et des journalistes et de leurs familles auquel recourt le gouvernement.
Le simple rappel des violations des droits humains dans le pays suscite un tel harcèlement non seulement des journalistes et des défenseurs des droits humains, mais également de leurs familles, comme ce fut le cas de la famille de Hamadi Jebali qui a vu la cérémonie de mariage de sa fille perturbée en novembre. La famille de Mohamed Abbou est constamment harcelée et suivie par des agents de police.
Amnesty International a également rapporté le 25 octobre que Samia Abbou et ses deux enfants ont été l’objet d’une tentative d’intimidation et d’effarement de la part d’officiers de police conduisant des motocyclettes. Nous appelons encore une fois à la libération de Mohamed Abbou emprisonné depuis juin 2005 pour avoir écrit des articles sur les violations des droits de l’Homme parus sur un site Internet. Me Abbou, qui a été condamné à trois ans et demi de prison, a encore plus de deux ans à purger.
Il semble que ce n’est pas un hasard si le harcèlement de Hamadi Jebali a repris immédiatement après sa tentative de rendre visite à Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, parti politique non autorise) qui retourna en Tunisie en octobre au terme de cinq ans d’exil volontaire en France. Le même Marzouki a été récemment accusé par les autorités judiciaires d' »incitation à la désobéissance civile », accusation passible d’une peine de trois ans de prison, pour avoir appelé les Tunisiens à protester pacifiquement contre les restrictions imposées à leurs droits fondamentaux. Cet appel a été lancé par Marzouki lors d’une interview diffusée par la chaîne Al-Jazira le 14 octobre dernier.
Nous pensons que le fait de menacer d’incarcérer un être humain pour une si longue période simplement parce qu’il s’est exprimé en toute liberté constitue une réaction qui relève de la démesure. Nous prenons également acte de la fermeture par le gouvernement tunisien de l’ambassade de Tunisie à Doha, capitale de l’émirat du Qatar, à la suite de la diffusion de l’interview accordée par Marzouki à Al-Jazira. Ce dernier se trouve aujourd’hui assigné de fait à résidence en raison de la présence d’agents de police en civil devant son domicile de Sousse. Il a également été l’objet d’agressions physiques et verbales de la part de voyous et de policiers en civils et reçu des menaces par téléphone.
Un autre journaliste continue d’être la cible d’un harcèlement judiciaire. Mohamed Fourati, collaborateur de différents organes de presse, a été appelé à comparaître le 1er décembre devant une cour d’appel à Gafsa, au sud du pays, pour « appartenance à un groupe non autorisé ». Il s’agit de la cinquième convocation devant un tribunal dans le cadre d’une affaire au terme de laquelle il avait été acquitté en 2003.
Nous tenons aussi à exprimer notre préoccupation au sujet du harcèlement ininterrompu d’organisations de droits humains comme le CNLT. Le 4 novembre, cette organisation a fait savoir que le harcèlement coutumier dont elle a été l’objet au cours de l’année écoulée, est monté d’un cran le mois dernier. Le siège du CNLT à Tunis a été mis sous étroite surveillance par des policiers en civil bloquant ainsi l’accès aux membres et visiteurs. Entre le 30 octobre et le 4 novembre, environ 60 officiers de police encerclaient le quartier où se trouve le siège du CNLT. Ce dispositif policier a été mis en place pour empêcher des membres de familles de prisonniers politiques d’accéder au siège du CNLT. Certains d’entre eux on même été appréhendes et contraints de s’engager par écrit à ne plus revenir.
Le CNLT a à nouveau fait savoir que son courrier est régulièrement intercepté, que l’accès a Internet demeure bloqué et que ses lignes de téléphone et de fax sont détournées au profit d’utilisateurs inconnus. En outre, tout comme la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), le CNLT n’a pu tenir son congrès depuis 2004.
Avec le respect que nous devons au Président Ben Ali, nous nous permettons de lui rappeler que l’élection de la Tunisie au Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies en juin dernier implique la responsabilité de veiller à ce que les violations des droits humains ne soient pas monnaie courante dans son propre pays. Nous demandons avec insistance au gouvernement tunisien d’arrêter le cycle en cours d’atteintes à la liberté d’expression, y compris les pratiques honteuses de persécution des familles de dissidents et de menaces de leurs enfants.
Les membres du TMG signataires sont:
Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo.net), Égypte
ARTICLE 19, Royaume-Uni
Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
Organisation égyptienne des droits de l’Homme (EOHR), Égypte
Index on Censorship, Royaume-Uni
Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions (IFLA), Pays-Bas
Institut international de la presse (IIP), Autriche
Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse
Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
PEN Norvège, Norvège
Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
Association mondiale des journaux (AMJ), France
World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis
Le Comité des écrivains en prison du PEN international (WiPC), Royaume-Uni