(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Zine el-Abidine Ben Ali, RSF a protesté contre le blocage, depuis la Tunisie, de nombreux numéros de téléphone à l’étranger et contre les coupures des lignes de téléphone de nombreux opposants. Par ailleurs, l’accès à Internet est également devenu extrêmement difficile et le courrier […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Zine el-Abidine Ben Ali, RSF a protesté contre le blocage, depuis la Tunisie, de nombreux numéros de téléphone à l’étranger et contre les coupures des lignes de téléphone de nombreux opposants. Par ailleurs, l’accès à Internet est également devenu extrêmement difficile et le courrier à destination des opposants n’arrive pas toujours à destination. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au Président « de prendre des mesures pour que cesse cette mainmise du gouvernement sur les moyens de communication ». « Cette attitude démontre que les autorités tunisiennes souhaitent, par tous les moyens, empêcher les Tunisiens de communiquer avec l’extérieur », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, les lignes de téléphone (fixe et portable) de nombreux opposants comme Sihem Bensedrine, Taoufik Ben Brik, Chawki Tabib, Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaffar, etc., sont coupées. De plus, il est impossible depuis plusieurs semaines de joindre, depuis la Tunisie, des numéros de téléphone à l’étranger, que ce soit à partir d’un téléphone fixe ou d’un portable tunisiens ou même d’un portable français. Ainsi, les Tunisiens ne peuvent plus joindre des organisations comme RSF, la Fédération International des Droits de l’Homme (FIDH) ou Human Rights Watch ; ou des journalistes comme Jean-Pierre Tuquoi du « Monde », Florence Aubenas de « Libération », Daniel Mermet de France Inter, Nicolas Beau du « Canard Enchaîné », Philippe Val de « Charlie Hebdo », etc. Les téléphones de plusieurs parlementaires européens comme Daniel Cohn-Bendit, Hélène Flautre ou Harlem Désir, figurent également sur cette liste noire. Hommes d’affaires tunisiens ou militants tunisiens des droits de l’homme résidant en France, tous ceux qui sont connus pour militer pour une plus grande liberté en Tunisie voient leur ligne de téléphone rendue inaccessible par les autorités tunisiennes. L’accès à Internet est lui aussi très difficile : il faut des heures pour se connecter et de nombreux sites d’information comme celui de Libération.fr et ceux des droits de l’homme sont totalement bloqués. Le courrier traditionnel n’échappe pas au contrôle : il n’arrive pas toujours à destination ou sinon ouvert.
Par ailleurs, les pressions « classiques » se poursuivent. La voiture de la journaliste Bensedrine a été vandalisée le 4 décembre 2001 au soir. Le rétroviseur et la plaque d’immatriculation ont été arrachés et l’antenne tordue. Une longue interview de cette militante des droits de l’homme était passée, le 2 décembre, sur la chaîne de télévision basée à Londres Al Mustakillah, où elle avait notamment raconté ses conditions de détention lors de son incarcération en juillet (consulter des alertes de l’IFEX du 6 septembre, 24 août, 6 juillet et 27 juin 2001).
RSF rappelle que le président tunisien, Ben Ali, est considéré par l’organisation comme l’un des 39 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.