(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la décision des autorités intérimaires d’imposer une censure générale des médias après que les télévisions et les radios du pays se sont vus ordonner verbalement, le 11 janvier 2007, de ne plus diffuser leurs programmes d’information. Des journalistes ont par ailleurs été empêchés de circuler librement à Dacca. « La […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la décision des autorités intérimaires d’imposer une censure générale des médias après que les télévisions et les radios du pays se sont vus ordonner verbalement, le 11 janvier 2007, de ne plus diffuser leurs programmes d’information. Des journalistes ont par ailleurs été empêchés de circuler librement à Dacca.
« La volonté de sortir le pays de la crise politique ne peut en aucun cas justifier la censure. Au contraire, le gouvernement intérimaire devrait garantir le droit à l’information de la population alors que le pays traverse une période difficile. Cette décision replonge le Bangladesh dans la période noire de la dictature militaire. Nous demandons, notamment au nouveau chef du gouvernement intérimaire Fakhruddin Ahmed, la levée immédiate de toutes les restrictions à la liberté de la presse », a affirmé l’organisation.
Le 11 janvier 2006, le président Iajuddin Ahmed a déclaré l’état d’urgence et imposé le couvre feu. Dans la foulée, il a démissionné et annoncé un report des élections législatives prévues le 22 janvier. Au même moment, le Département de l’information de la presse (PID) du ministère de l’Information est intervenu verbalement auprès des rédactions des chaînes de télévision hertziennes et câblées pour imposer la censure sur les informations. Il a été demandé aux médias audiovisuels de diffuser uniquement les bulletins d’information de la chaîne gouvernementale BTV. « Cette restriction doit être appliquée jusqu’à nouvel ordre », a expliqué un responsable de la rédaction de la chaîne NTV à l’agence Associated Press.
Toutes les chaînes privées ont respecté cette interdiction. Interrogé par Reporters sans frontières sur la raison de cette acceptation des ordres, le responsable de la rédaction d’une chaîne privée a expliqué que les médias audiovisuels n’étaient pas organisés pour résister. « Les propriétaires des télévisions sont des hommes d’affaires avec des intérêts à défendre. Ils ne peuvent pas s’opposer au gouvernement », a ajouté le journaliste.
Les autorités ont également mis en garde la presse, les sommant de ne pas critiquer le gouvernement intérimaire chargé d’organiser les élections. Mais de nombreux quotidiens ont publié en une des éditoriaux critiquant cette censure. Ainsi, Mahfuz Anam, le célèbre directeur du journal privé « Daily Star », a écrit: « Tant que nous ne recevrons pas un ordre écrit du gouvernement, nous le considérerons comme illégal. ( . . . ) Les amis de la démocratie ne font jamais taire la presse, seuls le font les autocrates. Le peuple du Bangladesh n’acceptera jamais les autocrates. »
La station privée Radio Today a continué à diffuser des informations le 11 janvier. Mais, dès le lendemain, les autorités ont ordonné verbalement à cette radio de ne plus diffuser que les programmes de Radio Bangladesh (gouvernemental).
Dans la nuit du 11 au 12 janvier, des policiers ont empêché par la force des journalistes de se déplacer dans la capitale, soumise au couvre-feu. Bien que la presse dispose d’un statut de « service d’urgence », des véhicules de plusieurs médias, notamment du « Daily Star », ont été interdits de circuler pendant plusieurs heures par des policiers.
Par ailleurs, la police aurait placé en résidence surveillée le propriétaire de la chaîne privée Channel One, Giasuddin Al-Mamoon, à Dacca.
La Ligue Awami (opposition) qui a organisé les récentes manifestations contre la tenue des élections législatives, jugées faussées d’avance en faveur du BNP, s’est pour sa part félicitée de la décision du gouvernement intérimaire de les repousser.