(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 17 octobre 2005 : SENEGAL: Une radio fermée après l’interview d’un chef séparatiste New York, le 17 octobre – Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) condamne la fermeture en ce jour de la radio privée Sud FM et l’arrestation de plusieurs de […]
(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 17 octobre 2005 :
SENEGAL: Une radio fermée après l’interview d’un chef séparatiste
New York, le 17 octobre – Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) condamne la fermeture en ce jour de la radio privée Sud FM et l’arrestation de plusieurs de ses employés, après la diffusion par la station d’une interview d’un des chefs séparatistes radicaux de la région sud de Casamance. La police a fait irruption dans les locaux de Sud FM dans la capitale sénégalaise et dans certaines de ses stations régionales ce matin. Elle a ordonné l’arrêt des émissions avant de conduire des dixaines d’employés pour interrogatoire.
Les autorités ont aussi interdit la distribution de l’édition de ce jour de Sud-Quotidien, un journal qui appartient au même groupe et qui a publié le texte de l’interview de Salif Sadio, un chef militaire et un des leaders les plus extrémistes du mouvement séparatiste MFDC.
Le MFDC se bat pour l’indépendance de la Casamance depuis plus de 20 ans et une violence résiduelle est encore perceptible dans la région en dépit d’un accord de paix signé fin 2004. La plupart de ces résidents sont chrétiens et animistes, tandis que les musulmans sont majoritaires dans le reste du pays.
A la suite d’une protestation de journalistes, responsables politiques et de la société civile, le gouvernement a publié un communiqué annonçant la levée de la mesure de suspension des émissions de Sud FM, qui a repris ses emissions en fin de journée. Le gouvernement a annoncé également que les journalistes avaient été libérées. Le CPJ n’a pas pu confirmer immédiatement la liberation de tous les journalistes détenus.
Mais le gouvernement a maintenu l’interdiction de « toute diffusion, rediffusion ou publication par quelque organe de presse que ce soient de l’interview incriminée ». Selon le communiqué, la diffusion de l’interview de Sadio constitue « une violation flagrante des dispositions constitutionnelles et légales sur l’intégrité territoriale, l’unité nationale et l’ordre public ».
Selon des sources du CPJ, quelques-uns des journalistes arrêtés pourraient être inculpés. Parmi les journalistes interpellés puis libérés figure celui qui a réalisé l’interview incriminé, Ibrahima Gassama, directeur de la station Sud FM à Ziguinchor, principale ville de Casamance.
Dans l’interview Sadio affirme ne pas reconnaître l’accord de paix et que le MFDC lutte pour chasser le Sénégal « envahisseur » hors de la Casamance. L’interview a fourni à Sadio l’occasion de démentir des articles précédents faisant état de sa mort.
« C’est outrageant que le Sénégal, pays démocratique, en vienne à recourir à la censure et au harcèlement de journalistes de cette manière, » a affirmé Ann Cooper, directrice exécutive du CPJ. « Nous en appelons au gouvernement pour que ce harcèlement cesse immédiatement et que les journalistes puissent travailler sans crainte de représailles. »
En 2003, le Sénégal avait expulsé du pays la correspondante de Radio France Internationale Sophie Malibeaux après une interview avec un autre leader de l’aile dure du mouvement séparatiste.