Erwin Arnada est détenu après avoir été condamné à deux ans de prison pour "indécence", suite aux pressions d'une organisation islamiste.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle à la libération d’Erwin Arnada, ex-directeur de la version indonésienne du magazine « Playboy ». Il est détenu après avoir été condamné à deux ans de prison pour « indécence », suite aux pressions d’une organisation islamiste.
La vision d’une démocratie apaisée et d’un islam moderne salués par le président américain Barack Obama en visite actuellement en Indonésie, doit aller de pair avec la tolérance religieuse et le respect de toutes les sensibilités. RSF estime qu’Erwin Arnada n’a rien à faire en prison car il a obtenu une licence de publication et donc n’a pas violé la loi sur la presse.
RSF déplore que la police et la justice agissent sous la pression d’un groupe religieux qui tente d’imposer son ordre moral comme cadre du code pénal indonésien. Dans cette affaire, c’est la loi sur la presse, non pas le code pénal, qui doit être appliqué. Il est urgent de réparer ce tort.
Le 9 octobre 2010, la police indonésienne a interpellé l’ex-éditeur de la version indonésienne de « Playboy » sur l’île de Bali, afin qu’il purge une peine de deux ans de prison pour « indécence ». Le 26 octobre, le procès en appel d’Erwin Arnada s’est ouvert à Jakarta. Son avocat, Todung Mulya Lubis, a déclaré aux médias : « Je n’ai ni témoin ni preuve à présenter pour cette affaire. La base de l’appel est une erreur faite par les juges. » Selon lui, son client aurait dû être jugé en vertu de la loi sur la presse, l’une des plus libérales de la région.
Erwin Arnada a été condamné en août dernier par la Cour suprême, alors même que le tribunal de première instance l’avait acquitté.
En 2006, lors du lancement de l’édition indonésienne de Playboy, qui ne comportait aucune photo de nu, par le groupe Velvet Silver Media, des organisations musulmanes radicales avaient lancé un mouvement de protestation. Le magazine a cessé de paraître en 2007.
Après son arrestation, Erwin Arnada a écrit sur son compte Twitter
( http://twitter.com/#!/erwinarnada ) : « Ils m’emprisonnent mais mes pensées, mon esprit et mes idées sont toujours libres. »
L’Indonésie occupe le 117e rang sur 178 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.