Erwin Arnada a été emprisonné en octobre 2010, suite aux pressions du Front des défenseurs islamiques (FPI, Front Pembela Islam, en indonésien), qui l'avait dénoncé pour "indécence" en raison de la publication de photos d'une mannequin en bikini.
(RSF/IFEX) – Le 27 juin 2011 – Reporters sans frontières salue la libération d’Erwin Arnada, ancien rédacteur en chef de la version indonésienne du magazine « Playboy », le 24 juin 2011, après l’annulation de sa peine de deux ans pour « attentat à la pudeur ». La Cour Suprême a accepté le recours déposé par le journaliste, emprisonné en octobre 2010, suite aux pressions du Front des défenseurs islamiques (FPI, Front Pembela Islam, en indonésien), qui l’avait dénoncé pour « indécence » en raison de la publication de photos d’une mannequin en bikini.
« Maintenant, c’est prouvé : je ne suis pas coupable ! Le journalisme n’est pas un crime ! », a déclaré Erwin Arnada dans son premier tweet, après avoir passé huit mois dans le centre de haute sécurité de Cipinang, à Jakarta.
« Malgré la satisfaction que nous procurent l’acquittement et la libération d’Erwin Arnada, nous restons attentifs à l’évolution de sa situation », a souligné Reporters sans frontières. « Son cas a déjà fait l’objet de plusieurs renversements judiciaires. En août 2010, la Cour Suprême avait révisé la sentence de relaxe, rendue précédemment par la Cour du district et par la Haute Cour de Jakarta, et avait condamné à nouveau le journaliste. Le système judiciaire doit rester indépendant. Il ne peut pas céder aux pressions d’un groupe extrémiste connu pour ses violences », a ajouté l’organisation.
L’édition indonésienne de « Playboy », qui ne comportait aucune photo de nu, avait été lancé en 2006 par le groupe Velvet Silver Media, dans un climat de manifestations hostiles menées par les mouvements islamistes. Suite aux violences contre les locaux du magazine, le bureau de la rédaction avait été déplacé sur l’île de Bali, avant sa fermeture définitive en 2007.
L’Indonésie, considéré comme le plus grand pays musulman au monde avec plus de 212 000 000 pratiquants (près de 90 % de la population totale), occupe le 117e rang sur 178 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.