A la veille du quatrième anniversaire de la mort de Chauncey Bailey, RSF demande des excuses publiques à la police d'Oakland pour sa gestion de cette affaire.
***Note de la rédaction : L’édition du 15 juin 2011 du Communiqué de l’IFEX a rapporté que Yusuf Bey IV et Antoine Mackey avaient été reconnus coupables du meurtre au premier degré de Chauncey Bailey. Le texte suivant présente l’analyse de RSF de la conduite de la police d’Oakland et de son effet sur la liberté d’information.***
(RSF/IFEX) – Le 1er août 2011 – A la veille du quatrième anniversaire de la mort de Chauncey Bailey, le 2 août 2007, premier journaliste américain tué sur le territoire américain en trente ans, et après avoir passé en revue plus de 1000 pages de dépositions faites par les responsables de la police d’Oakland, publiées par la chaîne locale KTVU le 10 juillet 2011, Reporters sans frontières demande à la police des excuses pour l’opacité dont elle a fait preuve tout au long de l’enquête et de reconnaitre avoir porté atteinte à la liberté d’information.
Censure sélective
En 2009, Howard Jordan, adjoint au chef de la police d’Oakland, a publié une ordonnance de non publication de toute information à l’attention du sergent Derwin Longmire, principal détective en charge de l’affaire Chauncey Bailey, et de tout le département de police. Le sergent Longmire n’a donné une interview en exclusivité à KTVU que le 10 juillet 2011 (http://www.ktvu.com/specialreports/28505516/detail.html).
Selon des informations livrées à la presse au moment des faits, la police enquêtait sur les allégations accusant sergent Longmire d’être trop proche de la Your Black Muslim Bakery (YBMB), l’entreprise – dirigée par Yusef Bey IV, cerveau de son assassinat – dont Chauncey Bailey dénonçait les crimes. D’après ces informations, le sergent Longmire ne rendait pas compte de ses activités à son supérieur ou ses collègues. Cependant, les documents récemment révélés incluent la déposition du supérieur direct du sergent Longmire qui déclare avoir approuvé et supervisé les activités du sergent, en connaissance du procureur. Dans cette même déposition, le vice chef de la police, Jeff Israel, atteste avoir reçu l’aval de ses supérieures.
« Ces documents sont la preuve indubitable que la police a manipulé l’information qu’elle donnait aux médias et a désigné le sergent Longmire comme bouc émissaire. La police d’Oakland devrait lui faire des excuses ainsi qu’aux citoyens américains pour avoir menti à la presse », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Selon les documents, dès 2002 – soit cinq ans avant le meurtre de sang-froid de Chauncey Bailey dans une rue du centre d’Oakland – le sergent Longmire avait déjà rapporté à la police que l’entreprise s’adonnait à des activités criminelles. Mais aucune action sérieuse n’avait été prise malgré ses avertissements répétés. Citant les ordres qu’il avait reçus de ses supérieurs pour « civiliser la communauté » et garder à l’œil les activités de YBMB, le sergent Longmire explique également ses relations avec Bey et ses associés.
Malgré l’ordonnance de non publication l’empêchant de raconter cette partie de l’histoire, des médias ont tout de même eu accès à des informations confidentielles rapportant que le sergent Longmire avait été licencié pour faute professionnelle.
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