"Bien que le Premier ministre Joseph Muscat nous ait déclaré qu'il était satisfait de l'enquête sur le meurtre de Daphne Caruana Galizia, nous ne partageons pas ce sentiment," a déclaré Rebecca Vincent, directrice du bureau de RSF à Londres.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 octobre 2018.
Reporters sans frontières (RSF) publie les conclusions d’une mission internationale pour la liberté d’expression menée à Malte du 15 au 17 octobre 2018. Les six organisations présentes ont constaté que les autorités maltaises ne respectaient pas l’obligation qui leur incombe de protéger la liberté de la presse et demandent l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’assassinat de la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia.
Un an après le meurtre de Daphne Caruana Galizia, Rebecca Vincent, directrice du bureau de RSF à Londres et Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF se sont rendues à Malte avec les représentants de cinq autres organisations de défense de la liberté de la presse et de la liberté d’expression pour faire part de leurs inquiétudes face à la lenteur de la justice et faire un état des lieux de la liberté de la presse dans le pays.
La délégation composée du Comité pour la protection des journalistes, du Centre européen pour la liberté de la presse et des médias, de la Fédération européenne des journalistes, de l’International Press Institute, de PEN International et de RSF a rencontré de hauts responsables du gouvernement dont le Premier ministre Joseph Muscat, le ministre de la Justice Owen Bonnici et le procureur général Peter Grech, ainsi que de nombreux journalistes et représentants de la société civile afin d’entendre leur point de vue sur le journalisme et l’état de droit à Malte. La délégation a également suivi les audiences relatives aux plaintes en diffamation qui se poursuivent à titre posthume contre Daphne Caruana Galizia.
« Bien que le Premier ministre Joseph Muscat nous ait déclaré qu’il était satisfait de l’enquête sur le meurtre de Daphne Caruana Galizia, nous ne partageons pas ce sentiment, » a déclaré Rebecca Vincent, directrice du bureau de RSF à Londres.
Un an après les faits, les trois suspects arrêtés dans le cadre de cette affaire n’ont toujours pas été traduits en justice et il n’y a eu aucun progrès tangible concernant l’identification des commanditaires à l’origine de l’assassinat. On est loin de ce qui s’appelle une justice. Chaque personne impliquée dans la planification et la réalisation de ce meurtre odieux doit être identifiée et poursuivie conformément à la loi. »
« Nous demandons l’ouverture d’une enquête publique immédiate* sur ce meurtre afin de déterminer si l’assassinat de Daphne Caruana Galizia aurait pu être évité, ou non, a déclaré Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Tant que nous n’aurons pas d’explication sur ce qui s’est réellement passé avant l’assassinat, les autorités maltaises ne seront pas en mesure de protéger les confrères de Daphne Caruana Galizia. Les journalistes qui poursuivent des enquêtes dans l’intérêt du public continueront d’être menacés à Malte. »
La délégation fait le constat qu’à la suite de l’assassinat de la journaliste, l’image de Malte à l’échelle internationale a été sérieusement entachée. La seule façon d’y remédier serait que justice soit rendue pour Daphne Caruana Galizia et sa famille.
Les résultats de la mission conjointe sont disponibles ici.
Malte occupe la 65ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF 2018, accusant un recul de 18 places par rapport à l’année précédente.
**En vertu de la loi maltaise, cette enquête publique serait totalement indépendante de la police et du gouvernement et serait menée par un panel de juges internationaux sans lien avec des hommes politiques ou le pouvoir en place.