(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète des poursuites engagées contre l’hebdomadaire indépendant « The Vanguard Newspaper » et s’élève contre l’interpellation d’un de ses journalistes, auteur d’une enquête mettant en cause Wendell Macintosh, un homme d’affaires influent du Liberia. « Alors même que le pays est en plein processus de transition après des années de guerre et que l’année 2004 […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète des poursuites engagées contre l’hebdomadaire indépendant « The Vanguard Newspaper » et s’élève contre l’interpellation d’un de ses journalistes, auteur d’une enquête mettant en cause Wendell Macintosh, un homme d’affaires influent du Liberia.
« Alors même que le pays est en plein processus de transition après des années de guerre et que l’année 2004 était relativement calme, nous nous étonnons de cette soudaine attaque contre la presse indépendante, a déclaré l’organisation. Que la justice se mobilise pour une affaire comme celle-ci et lance un mandat d’arrêt contre un journaliste est inquiétant. « The Vanguard Newspaper » a fait son travail correctement et ses journalistes ne devraient pas craindre d’être jetés en prison ».
« Nous appelons la justice libérienne à abandonner les poursuites engagées contre cet hebdomadaire. De plus, nous demandons au gouvernement de prendre conscience que la dépénalisation des délits de presse est indispensable pour bâtir une démocratie », a ajouté RSF.
Le 15 octobre 2004, Crispin Tulay, rédacteur en chef, Cheechiay Jablasone, rédacteur en chef adjoint, et Moses Kowo, journaliste, ont reçu une assignation à comparaître, suite à une plainte de Macintosh, P.D.G. de la société Universal Harmony Incorporated, une société d’importation d’automobiles, et directeur local de l’African Development Agency (ADA). La citation à comparaître se fondait sur l’article 14.27 du nouveau code pénal, selon lequel est condamnable la publication d’une information « fausse et trompeuse dans l’intention d’exposer une personne à la haine, au mépris et à la moquerie ». Un mandat d’arrêt contre Kowo a également été délivré. Le journaliste a été laissé en liberté contre le paiement d’une caution de 1 500 dollars libériens (environ 33 $US ; 26 euros).
L’avocat de Macintosh ne s’est finalement pas présenté à la première audience, le 18 octobre. Selon les informations de RSF, le lendemain, la défense de l’homme d’affaires a proposé au « Vanguard Newspaper » de conclure un accord à l’amiable, hors du cadre de la justice. Des négociations doivent s’ouvrir prochainement.
Dans son édition du 14 octobre, « The Vanguard Newspaper » avait publié un article intitulé « ADA Boss Scoops US$13,000.00 from LEC » (« Le dirigeant d’ADA rafle 13 000 dollars à la LEC »). L’hebdomadaire démontrait que Macintosh avait signé un contrat de vente de deux véhicules avec la Liberia Electricity Corporation (LEC) en février, mais que ceux-ci n’avaient jamais été livrés.
Interrogé par le journal pour connaître sa version des faits, Macintosh avait aussitôt prévenu son avocat, lequel avait menacé « The Vanguard Newspaper » d’une action en justice si l’enquête paraissait. L’équipe dirigeante de l’hebdomadaire avait néanmoins décidé de la publier dans son édition du 14 octobre.