(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la répression violente, par la police seychelloise, le 3 octobre 2006 à Victoria, d’une manifestation de l’opposition en faveur de la libéralisation de l’audiovisuel, au cours de laquelle Roger Mancienne, rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’opposition « Regar », a été arrêté, et Jean-François Ferrari, directeur de publication du même journal, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la répression violente, par la police seychelloise, le 3 octobre 2006 à Victoria, d’une manifestation de l’opposition en faveur de la libéralisation de l’audiovisuel, au cours de laquelle Roger Mancienne, rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’opposition « Regar », a été arrêté, et Jean-François Ferrari, directeur de publication du même journal, a été blessé.
« Réclamer la fin du monopole de l’Etat sur l’audiovisuel et l’arrêt du strict contrôle de l’information des médias publics est légitime. La violence de la police anti-émeutes envers la population seychelloise désarmée, venue apporter son soutien à l’opposition et aux journalistes, est incompréhensible. Le gouvernement de James Michel doit admettre qu’il est temps de renoncer pacifiquement à sa mainmise sur l’information nationale. De plus, il n’existait aucune raison valable pour arrêter Roger Mancienne. Celui-ci doit être libéré immédiatement », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 3 octobre dans la matinée, plusieurs centaines de partisans du SNP (Seychelles National Party, opposition) se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale, afin de déposer une pétition en faveur de la liberté de la presse. Ils entendaient manifester contre le rejet d’une motion, proposée par les députés du SNP, visant à amender la loi interdisant aux partis politiques de créer des radios privées. Or, le gouvernement seychellois possède un monopole sur la radio et la télévision, dont la ligne éditoriale est strictement contrôlée. L’opposition n’a aucun accès aux médias publics, notamment en période électorale.
Les forces de la police anti-émeutes, armées et munies de grenades lacrymogènes, ont alors fait irruption sur les lieux de la manifestation et violemment frappé les membres de l’opposition et les journalistes présents, sous les yeux du ministre de la Communication. Jean-François Ferrari a été blessé à la tête et souffre de multiples fractures, selon son épouse contactée par Reporters sans frontières. Il a été transféré à l’hôpital de Victoria en compagnie du chef du SNP, Wavel Ramkalawan, dont on ignore l’état de santé. Roger Mancienne, par ailleurs secrétaire général du SNP, a quant à lui été arrêté et conduit au poste de police de Victoria, où il est toujours détenu.
Seuls deux hebdomadaires, « Regar » et « Le Nouveau Seychelles Weekly », liés à l’opposition, paraissent dans l’archipel, où une législation draconienne, rendue par une justice souvent très politique, encadre les délits de diffamation ou de publication de fausses nouvelles. Dans la nuit du 8 au 9 décembre 2005, l’imprimerie de « Regar » avait été victime d’un incendie criminel resté impuni à ce jour (consulter l’alerte de l’IFEX du 13 décembre 2005).