(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive préoccupation suite aux menaces de mort reçues par Lilianne Pierre-Paul, directrice de la programmation et présentatrice d’une émission d’information sur Radio Kiskeya. « Notre organisation considère ces menaces adressées à l’une des principales figures de la presse privée comme extrêmement sérieuses. D’autant qu’il existe un climat d’impunité généralisée en […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive préoccupation suite aux menaces de mort reçues par Lilianne Pierre-Paul, directrice de la programmation et présentatrice d’une émission d’information sur Radio Kiskeya.
« Notre organisation considère ces menaces adressées à l’une des principales figures de la presse privée comme extrêmement sérieuses. D’autant qu’il existe un climat d’impunité généralisée en Haïti », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Alors que les menaces semblent émaner d’organisations réputées proches de Fanmi Lavalas, nous tiendrons les autorités pour responsables devant la communauté internationale s’il devait arriver quelque chose à Mme Pierre-Paul », a ajouté Ménard.
Le 30 avril 2003, Pierre-Paul a reçu à la rédaction de Radio Kiskeya un courrier contenant une cartouche de calibre 12 mm et une lettre exigeant, sous peine de mort, que la journaliste lise chaque jour à l’antenne, jusqu’au 6 mai, une déclaration en faveur de la restitution par la France à Haïti de 21,7 milliards de dollars US. La lettre menace également de s’en prendre aux ressortissants français. Cette somme a été demandée à la France par le président Jean-Bertrand Aristide au titre de « réparation » des 90 millions de francs-or versés par Haïti au XIXe siècle pour obtenir de la France la reconnaissance de l’indépendance du pays.
Au bas de la lettre reçue par Radio Kiskeya figurent les noms des organisations populaires « Domi Nan Bwa », « Cercueil », « Bale Wouze », « Boeuf », « Pilate » et « Tête-ciel ». Les trois premières sont connues pour être proches de Fanmi Lavalas, le parti du Président. « Domi Nan Bwa » avait revendiqué, en décembre 2001, l’assassinat à Petit-Goâve de Brignol Lindor, de la radio Echo 2000, après qu’il avait reçu des membres de l’opposition dans son émission (consulter des alertes du 5 décembre, 25 et 16 septembre, 2 avril et 15 janvier 2002, 11, 5 et 4 décembre 2001). Pour RSF, ces organisations populaires qui menacent les journalistes sont de véritables milices armées paralégales chargées de s’en prendre aux détracteurs et critiques du gouvernement.
Pierre-Paul a déjà été victime de menaces. En janvier 2001, Paul Raymond et René Civil, deux responsables d’organisations populaires proches de Jean-Bertrand Aristide, avaient appelé à la tuer, l’accusant de faire partie d’une liste attribuée à l’opposition sur laquelle figurait, selon eux, des noms de personnalités souhaitant former un gouvernement parallèle. Radio Kiskeya a reçu des menaces à plusieurs reprises. En septembre 2002, la station avait été contrainte de suspendre ses émissions après avoir reçu des informations sur une possible tentative d’incendie de ses locaux.
Au cours des trois dernières années, près de trente journalistes haïtiens ont été obligés de quitter leur pays suite à des menaces émanant des partisans du président Aristide, et deux journalistes ont été tués. En raison de la grave situation en Haïti, le président Aristide est considéré par RSF comme l’un des 42 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.