Les forces de sécurité et de lutte anti-terroriste ont agressé Fawaz Mansour Al-Haidari, pigiste pour l’AFP et l'ont menacé de mort.
(RSF/IFEX) – Le 16 mars 2012 – Reporters sans frontières est particulièrement préoccupée par les pratiques d’intimidations des services de sécurité au Yémen, notamment dans le sud du pays.
“Menaces, pressions, enlèvements contre des journalistes, blocus et incendies criminels de locaux de médias et d’exemplaires de journaux sont devenus le lot quotidien de la presse indépendante dans le pays. Les services de sécurité qui se livrent à ces xactions ne doivent plus jouir d’une totale impunité”, a déclaré l’organisation.
Le 10 mars 2012, dans le district de Mansoura dans le gouvernorat d’Aden (sud du Yémen), les forces de sécurité et de lutte anti-terroriste, menées par le responsable local Sanad Abdallah Bader Al-Maisari, ont agressé Fawaz Mansour Al-Haidari, pigiste pour l’Agence France-Presse (AFP). Vers 21h30, trois hommes armés ont pénétré dans son domicile, l’ont insulté et ont pointé leurs armes dans sa direction. Harcelé depuis près de trois mois par les services de sécurité, il avait reçu plusieurs menaces de mort sur
son téléphone portable. Sanad ‘Abdallah Bader Al-Maisari se serait adressé à lui en ces termes : “Personne ne saura te protéger. Je te tuerai. Tu ne pourras plus vivre à Aden. Il suffit que tu le dise à quelqu’un, je te tue. Je te donne un délai de trois jours”. Avant de quitter le domicile du journaliste, les services de sécurité ont méthodiquement effacé les menaces adressées à Fawaz Mansour Al-Haidari de son téléphone portable. Suite à cet incident, le journaliste a porté plainte auprès des services de police et une enquête a été diligentée.
La région d’Aden compte très peu de journalistes indépendants. Fawaz Mansour Al-Haidari fait partie de ces courageux reporters qui couvrent l’actualité dans le sud du pays, au risque d’attirer les représailles des services de renseignements.
Par ailleurs, le 11 mars dernier, un groupe armé a brûlé 19 000 exemplaires du journal Al-Akhbar Al-Yom et de Yemen Fox, quotidien en langue anglaise, dans la ville d’Al-Houta, destinés à être distribués dans les villes de Taëz, Lahij, Ibb et Dhalie (villes du Sud). Deux individus ont menacé avec leurs armes le chauffeur du bus qui transportait les journaux. Ils ont forcé des motocyclistes à déverser leur essence pour y mettre le feu. Des menaces ont été proférées à l’encontre des distributeurs de journaux s’ils continuaient à vendre des exemplaires de ces deux quotidiens. Yemen Fox rappelle que le journal Al-Akhbar Al-Yom avait échappé à une tentative d’incendie criminel contre ses – locaux situés dans le gouvernorat de Dhalie, le 8 mars dernier. Des hommes armés avaient fermé le journal pendant deux semaines et brûlé plusieurs kiosques à journaux qui distribuaient le quotidien.
Ces manœuvres particulièrement choquantes sont encadrées par les services de sécurité souhaitant resserrer l’étau sur la presse indépendante qui s’est illustrée par sa couverture du soulèvement populaire en 2011. Elles s’ajoutent à la longue liste des atteintes à la liberté de la presse.
Au début du mois de février dernier, Reporters sans frontières avait dénoncé les blocages des journaux Al-Thawra et Al-Jomhuryah.
Par ailleurs, la sécurité nationale continue à empêcher les déplacements du correspondant de la chaîne Al-Jazeera, Ahmed Al-Shalafi. Son passeport est toujours bloqué depuis un an, confisqué par l’ancien ministre de l’Intérieur, Rashed Al-Masri, quand le journaliste avait introduit une demande de renouvellement. Sans possibilité de voyager à travers le pays, il ne peut accomplir son travail de journaliste.
Le 13 mars 2012, à Sanaa, une équipe de télévision de la chaîne Al-Yemen Al-Yom, composée du journaliste Ahmed Ghilan Al-Mathi’r, du photographe Razmi Al-Harazi, et du chauffeur Faysal Al-Shami, a été interpellée par des soldats de la première division blindée, alors qu’ils réalisaient un reportage sur les arrestations illégales. Les militaires leur ont également confisqué leur matériel de tournage et leurs téléphones portables, avant de les relâcher quelques heures plus tard.