(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se félicite de l’émission, le 1er mars 2007, d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Yunus Yosfiah, ancien officier de l’armée indonésienne ayant dirigé l’attaque de Balibo, le 16 octobre 1975, au cours de laquelle cinq journalistes ont été tués. « Nous applaudissons les efforts et a détermination de la juge Dorelle […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se félicite de l’émission, le 1er mars 2007, d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Yunus Yosfiah, ancien officier de l’armée indonésienne ayant dirigé l’attaque de Balibo, le 16 octobre 1975, au cours de laquelle cinq journalistes ont été tués. « Nous applaudissons les efforts et a détermination de la juge Dorelle Pinch qui tente de briser le silence et d’en finir avec l’impunité qui ont marqué cette affaire au cours des trente dernières années », a affirmé l’organisation. Le mandat d’arrêt n’a pour l’instant pas d’autorité hors de l’Australie. D’après la juge, le gouvernement de Canberra a également formulé une demande auprès de Yunus Yosfiah le sommant de venir témoigner devant la Cour.
Par ailleurs, Reporters sans frontières appelle Gough Whitlam, Premier ministre australien en fonction lors de l’invasion du Timor oriental, à venir témoigner devant la Cour de Sydney qui enquête sur la mort de l’un des journalistes, Brian Peters. « Le témoignage de Gough Whitlam permettrait de confirmer ou non les récentes dépositions d’anciens fonctionnaires affirmant que les plus hautes autorités australiennes avaient bien été averties du sort des cinq reporters de Balibo, moins d’une heure après le meurtre », a affirmé Reporters sans frontiers.
Le 1er mars 2007, Yunus Yosfiah a publiquement refusé, dans une déclaration à la radio australienne ABC, de venir témoigner devant la Cour de Sydney et a démenti avoir rencontré les cinq reporters. Suite à ce refus, la juge Dorelle Pinch a émis un mandat d’arrêt à son encontre. Les déclarations du colonel australien Geoff Cameron, ancien membre des services secrets australiens, étaient venues s’ajouter, le jour même, aux nombreux témoignages identifiant Yunus Yosfiah comme l’officier à la tête de l’invasion de Balibo.
Les témoignages de Robin Dix, linguiste de la marine australienne, et de Geoff Cameron ont confirmé que les hauts responsables du gouvernement australien, Premier ministre inclus, avaient été informés du meurtre à peine une heure après les faits, le 16 octobre 1975. Robin Dix qui avait intercepté le message de l’armée indonésienne: « Cinq journalistes ont été tués et leurs corps réduits en cendres », a expliqué que le mot utilisé pour décrire ici l’action de « tuer »,- « dibunuh » en indonésien – est un verbe qui sous-entend que l’action avait été menée délibérément et qu’il s’agissait d’un acte prémédité.
Après avoir traduit le message, Robin Dix s’est empressé de le faire parvenir au Premier ministre, au ministre de la Défense, au minister des Affaires étrangères ainsi qu’à d’autres membres haut placés du gouvernement. A peine une heure plus tard, le collègue de Geoff Cameron au quartier général des services secrets et de renseignements australiens de Shoal Bay, Ray Norton, a reçu un appel provenant du cabinet du Premier ministre, lui demandant si cette information était correcte. Ray Norton lui a répondu que la ligne n’étant pas protégée, il ne pouvait pas le lui confirmer. La conversation a été interrompue et le sujet n’a plus été évoqué.
L’un des conseillers de Gough Whitlam, John Menadue, a déclaré le 28 février 2007 au journal australien « Herald », n’avoir aucun souvenir de ces messages.
La juge Dorelle Pinch a suspendu l’audience jusqu’au 1er mai 2007, souhaitant entre-temps convaincre davantage de témoins de se presenter devant la Cour.