RSF exhorte le bureau du procureur de l’État de Guanajuato, qui enquête sur l’affaire dans le cadre du protocole unifié pour les crimes contre la liberté d’expression, à garantir une enquête approfondie et indépendante. La violence contre la presse au Mexique continue de faire des victimes, et l’impunité généralisée de ces attaques alimente la crise.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 mars 2025.
Raúl Irán Villarreal Belmont, directeur du média numérique Observatorio Ciudadano, a été assassiné le 14 mars à San Luis de la Paz, la capitale de l’État de Guanajuato. Son corps criblé de balles a été retrouvé quelques heures après son enlèvement par un groupe armé. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cet assassinat et exige une enquête approfondie et indépendante pour identifier et poursuivre les responsables.
Le 14 mars, Raúl Irán Villarreal Belmont a été assassiné et son corps a été détruit abandonné sur l’autoroute Victoria-Xichú, près de San Luis de la Paz. Quelques jours avant son assassinat, le 11 mars, le journaliste, avocat et défenseur des droits humains avait dénoncé sur Observatorio Ciudadano une affaire de fraude impliquant un chef d’entreprise local et des responsables gouvernementaux. Dans sa publication, il exhortait le public à déposer une plainte collective et à demander justice.
Reconnu pour son travail d’investigation, Raúl Irán Villarreal Belmont était une voix éminente dans la région et avait reçu à plusieurs reprises des menaces en raison de ses reportages. Ses enquêtes dénonçaient souvent la corruption au sein de l’administration du maire Rubén Urías (Parti action nationale, ou PAN), et il avait récemment attiré l’attention pour avoir révélé une fraude commise par le PAN à Xichú, une municipalité de l’État de Guanajuato.
« L’assassinat de Raúl Irán Villarreal Belmont ne doit pas rester impuni. RSF exhorte le bureau du procureur de l’État de Guanajuato, qui enquête sur l’affaire dans le cadre du protocole unifié pour les crimes contre la liberté d’expression, à garantir une enquête approfondie et indépendante. La violence contre la presse au Mexique continue de faire des victimes, et l’impunité généralisée de ces attaques alimente la crise. RSF appelle le gouvernement mexicain à mettre en œuvre d’urgence des mesures concrètes et efficaces pour protéger les journalistes et traduire en justice les responsables de ces crimes. »
Artur Romeu, Directeur du bureau de RSF en Amérique latine
Au-delà de son travail journalistique, Raúl Irán Villarreal Belmont était également impliqué en politique : en 2024, il s’était présenté au conseil municipal de San Luis de la Paz avec le parti Movimiento Ciudadano, et en 2021, il avait été candidat à la mairie. Après son assassinat, la gouverneure de Guanajuato, Libia Dennise García Muñoz Ledo, s’est engagée à ce que son administration collabore à l’enquête, et le bureau du procureur de l’État a assuré que la famille du journaliste recevait un soutien juridique et psychologique.
L’assassinat de Villarreal Belmont survient seulement 12 jours après le meurtre d’un autre journaliste à Guanajuato : le 2 mars, Kristian Uriel Martínez Zavala, qui dirigeait également une page d’actualités sur Facebook, a été abattu. Guanajuato reste l’une des régions les plus dangereuses du Mexique pour les journalistes, une zone prise dans un affrontement violent entre le cartel de Jalisco nouvelle génération et le cartel de Santa Rosa de Lima.
Le Mexique occupe la 121ᵉ place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF et demeure le pays le plus dangereux pour les journalistes en dehors des zones de guerre.