(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 3 novembre 2001 : Michel Peyrard est libre mais Irfan Qureshi et Mukkaram Khan sont toujours détenus Reporters sans frontières s’est félicitée de la libération de Michel Peyrard, reporter de l’hebdomadaire français Paris Match. « Nous sommes très heureux de cette libération, mais nous sommes […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 3 novembre 2001 :
Michel Peyrard est libre mais Irfan Qureshi et Mukkaram Khan sont toujours détenus
Reporters sans frontières s’est félicitée de la libération de Michel Peyrard, reporter de l’hebdomadaire français Paris Match. « Nous sommes très heureux de cette libération, mais nous sommes très inquiets pour les deux journalistes pakistanais Irfan Qureshi et Mukkaram Khan toujours détenus à Jalalabad », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous continuerons à tout mettre en oeuvre pour obtenir leur libération », a-t-il assuré. Les deux journalistes avaient été arrêtés en même temps que le journaliste français le 9 octobre dernier.
Reporters sans frontières rappelle que les deux guides de la journaliste britannique Yvonne Ridley, et la fille de l’un d’eux, sont toujours détenus par les taliban, tout comme le journaliste japonais Yanagida Daigen, arrêté le 23 octobre 2001.
Le 3 novembre 2001, Michel Peyrard a été libéré après plus de trois semaines de détention. « Je vais bien. Les taliban ont été corrects », a-t-il déclaré à l’Agence France Presse. Irfan Qureshi et Mukkaram Khan pourraient l’être dimanche 4 novembre, a affirmé un porte-parole taliban qui accompagnait Michel Peyrard jusqu’à la frontière pakistanaise. Le reporter français était attendu au poste frontière de Torkham, au Pakistan, par l’ambassadeur de France à Islamabad, Yannick Gérard, des officiels pakistanais et le correspondant de Reporters sans frontières. Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur taliban à Islamabad, le mollah Abdul Salam Zaef, avait annoncé la libération du journaliste de Paris Match à l’agence Afghan Islamic Press. L’ambassadeur de France au Pakistan a quitté Islamabad pour la frontière afghane dans l’après-midi du 3 novembre, après avoir rencontré le mollah Zaef.
Quelques jours plus tôt, Reporters sans frontières et la direction de Paris Match avaient exprimé leur confiance dans une libération rapide de Michel Peyrard et des deux journalistes pakistanais. Le 29 octobre 2001, le mollah Zaef avait reçu la famille de l’un des deux journalistes pakistanais détenus et avait affirmé qu’il devrait bientôt être en mesure de lui annoncer une « bonne nouvelle ». RSF avait par ailleurs appris que le journaliste de Paris Match et ses deux confrères avaient été autorisés par les services secrets taliban à sortir dans les rues de Jalalabad pendant quelques heures. Ils auraient notamment pu se rendre au bazar de la ville. Ils avaient été joints par téléphone depuis le Pakistan et avaient confirmé être bien traités et optimistes quant à leur libération.
Michel Peyrard, reporter de l’hebdomadaire français Paris Match, et ses deux guides, Mukkaram Khan, correspondant du journal pakistanais Nawa-i-Waqt, et Irfan Qureshi, avaient été arrêtés dans la matinée du 9 octobre 2001, à Goshta, sur la route qui va de la frontière pakistanaise à Jalalabad (est de l’Afghanistan). Les autorités taliban avaient annoncé le lendemain de leur arrestation qu’ils étaient inculpés d’espionnage et seraient jugés par une cour islamique. Ces accusations se basaient sur la saisie de téléphones satellitaires et autres matériels utilisés par les grands reporters sur des zones de conflit. Un témoin de l’arrestation de Michel Peyrard a confirmé que celle-ci avait eu lieu alors que le reporter de Paris Match venait de traverser la rivière dite Kabul. Déguisé en femme, sa taille, sa démarche peu féminine et ses chaussures avaient éveillé les soupçons. Les trois hommes auraient été frappés par les habitants de la zone tribale où ils ont été arrêtés.
Le 25 octobre 2001, les taliban avaient affirmé que l’enquête sur les trois journalistes était finalisée. Les trois reporters devaient être jugés par une cour islamique devant laquelle l’accusation d’espionnage leur faisait encourir la peine de mort. La libération de Michel Peyrard a finalement été ordonnée par le mollah Mohammad Omar « à la suite de demandes répétées des autorités françaises et de sa famille », a déclaré Mullah Tajmir, le chef des services de renseignements des taliban à Jalalabad.
Le 27 octobre, les taliban avaient réaffirmé que tout étranger pénétrant sans autorisation en Afghanistan serait traité comme un espion et jugé comme tel. Ils ont réitéré cet avertissement le 3
novembre 2001 à l’attention des journalistes étrangers.