(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Jayprakash Prasad Gupta, ministre népalais de l’Information et de la Communication, RSF a protesté contre l’interpellation pendant une journée de deux directeurs de publication à Katmandou. RSF s’est inquiétée des propos du ministre qui a justifié cette interpellation par la publication d’informations « répréhensibles ». « L’état d’urgence ne doit pas […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Jayprakash Prasad Gupta, ministre népalais de l’Information et de la Communication, RSF a protesté contre l’interpellation pendant une journée de deux directeurs de publication à Katmandou. RSF s’est inquiétée des propos du ministre qui a justifié cette interpellation par la publication d’informations « répréhensibles ». « L’état d’urgence ne doit pas servir de prétexte pour arrêter des journalistes et des directeurs de médias. C’est une violation manifeste du droit de la presse népalaise d’informer la population sur la situation dans le pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. Enfin, RSF a demandé au ministre de fournir des informations sur la situation des neuf journalistes et collaborateurs des médias promaoïstes détenus au secret depuis le 26 novembre 2001. « Sans prendre position sur leurs idées et les organisations qu’ils soutiennent, [RSF] s’indigne que le gouvernement népalais utilise de telles méthodes pour faire taire la presse favorable à la guérilla maoïste », a affirmé Ménard. L’organisation craint que les neuf hommes aient été torturés et que les forces de sécurité soient tentées de les faire disparaître.
Selon les informations recueillies par RSF, des policiers en civil ont interpellé, dans l’après-midi du 17 décembre, Gopal Budhathoki, directeur de l’hebdomadaire en népalais « Sanghu », et Bandhu Thapa, éditeur de l’hebdomadaire « Deshantar », à leurs domiciles de Katmandou. Les deux directeurs de publication ont été interrogés par des officiers de police sur la publication de deux articles jugés « répréhensibles ». « Sanghu » avait publié des extraits d’un communiqué du chef des rebelles maoïstes accusés de « terrorisme ». « Deshantar » avait quant à lui révélé que des tensions existaient entre le roi et le Premier ministre sur l’instauration de l’état d’urgence. Budhathoki et Thapa ont été libérés dans la soirée du 18 décembre.
RSF est par ailleurs sans nouvelles de Govinda Acharya, Khil Bahadur Bhandari, Deepak Sapkota, Rambhakta Maharjan, respectivement rédacteur en chef, directeur, journaliste et opérateur de saisie de l’hebdomadaire « Janadesh », de Ishwor Chandra Gyawali, Manarishi Dhital, Nim Bahadur Budhathoki, respectivement directeur de publication, employé et opérateur de saisie du magazine « Disabodh », ainsi que de Om Sharma et Deepak Mainali, respectivement rédacteur en chef et opérateur de saisie du quotidien « Janadisha », arrêtés le 26 novembre dans les locaux de leurs rédactions respectives à Katmandou. Du matériel d’édition et des articles ont également été saisis. Les journalistes sont accusés de soutenir le Parti communiste népalais (CPN, parti maoïste en conflit armé avec le pouvoir depuis 1996). Selon certaines sources, ils seraient détenus dans des locaux de la police non loin de l’École de police de Maharajgunj, à Katmandou.
Les personnes retenues captives dans les lieux de détention non officiels sont fréquemment victimes de tortures ou de « disparition ». Les neuf hommes auraient dû être déférés devant une autorité judiciaire dans les vingt-quatre heures consécutives à leur interpellation, mais tel n’a pas été le cas. Ils auraient été arrêtés en vertu de l’Ordonnance relative à la prévention et à la répression des activités terroristes et déstabilisatrices, entrée en vigueur le jour même de leur interpellation. Suite à ces arrestations, la majorité des publications favorables aux maoïstes ont cessé de paraître. Des dizaines de journalistes, notamment de « Janadesh », « Disabodh » et « Janadisha », sont entrés dans la clandestinité. Ainsi, Prakash Adhikari, directeur de « Deshantar », se cache depuis que la police s’est rendue à son domicile pour l’arrêter.
Deux jours après l’instauration de l’état d’urgence, le 26 novembre, le ministre de l’Information a interdit la publication d’informations « susceptibles de favoriser et de provoquer des activités violentes et terroristes ».
Enfin, le gouvernement a ordonné depuis le 15 décembre aux journalistes népalais et étrangers de quitter les zones de combats entre l’armée et les maoïstes. La reprise de la guerre civile, le 23 novembre, aurait déjà fait plus de cinq cents morts.