Tasaparn Rattawongsa est accusée d'avoir posté en ligne "des informations fausses qui menacent la sécurité nationale".
(RSF/IFEX) – Le Computer Crime Act de 2007 et la loi sur le crime de lèse-majesté (section 112 du Code pénal), qui cible principalement les internautes, sont des outils juridiques dont abusent les autorités pour restreindre la liberté d’expression en Thaïlande. Les intimidations et les pressions sur les internautes sont quotidiennes pour les dissuader de s’exprimer.
Aujourd’hui, trois internautes sont emprisonnés pour s’être exprimés en ligne.
Tasaparn Rattawongsa, docteur à l’hôpital Thon Buri, a été arrêtée par le Bureau central d’investigation le 18 novembre 2009 dans le district de Phaya Thai. Âgée de 41 ans, elle est accusée d’avoir violé la section 14 du Computer Crime Act de 2007 pour avoir posté en ligne « des informations fausses qui menacent la sécurité nationale ». La blogueuse aurait émis l’hypothèse selon laquelle la santé du roi aurait pu expliquer la récente chute des cours à la Bourse de Bangkok.
Son ordinateur et d’autres documents personnels ont été saisis. Selon la police, elle aurait accepté l’accusation d’être l’internaute « mom » qui a posté ces commentaires, mais nie être impliquée dans la chute des cours de la Bourse ou avoir voulu nuire à la famille royale.
Tasaparn Rattawongsa est la quatrième internaute arrêtée dans la même affaire, après Somchets Ittiworakul, Theeranan Wipuchan et Katha Pajajiriyapong. Reporters sans frontières demande leur libération immédiate, car les charges à leur encontre sont incohérentes.
Les autorités thaïlandaises ont, en outre, incarcéré un autre blogueur, Nat Sattayapornpisut, du 15 au 27 octobre, accusé d’avoir violé le Computer Crime Act de 2007 « après avoir envoyé des clips offensifs » au blog StopLeseMajeste. Aucune décision n’a été prise le concernant, le laissant dans l’inquiétude la plus pesante sur sa liberté et sa sécurité.
Nat Sattayapornpisut, âgé de 27 ans, n’a fait, en réalité, qu’envoyer des liens de ces vidéos critiquant la loi de lèse-majesté à un autre blogueur britannique basé en Espagne, Emilio Esteban, âgé de 46 ans, auteur du blog StopLeseMajeste. Ce dernier confirme ces faits ( http://www.youtube.com/watch?v=mkLI67EKfa0 ). Depuis le 19 avril 2009, Emilio Esteban appelle à l’abolition de la loi de lèse-majesté.
Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Nat Sattayapornpisut. « Il n’est qu’un bouc émissaire dans cette affaire, car les autorités thaïlandaises ne peuvent atteindre celui qui poste les vidéos depuis l’Espagne. Critiquer une loi n’est pas critiquer le roi, ni menacer la sécurité nationale », a déclaré l’organisation.
Praya Pichai est certes en liberté, et les charges contre lui ont été abandonnées faute de preuves, mais le procureur a jusqu’en 2017 pour décider de le poursuivre ou non, selon ce que le blogueur pourrait poster sur Internet. Il avait été accusé en septembre 2007 d’avoir critiqué la royauté.
Suwicha Thakor est toujours détenu, condamné le 3 avril 2009 à 10 ans de prison pour avoir critiqué la monarchie. Pour son épouse et ses enfants, la situation financière devient extrêmement difficile et ils sont toujours sous surveillance.
Parmi les 55 000 sites Internet probablement bloqués en Thaïlande, on peut citer Fia Diakan, suspendu par intermittence, et de nombreuses pages de YouTube.
Au moins seize personnes travailleraient à assurer la censure d’Internet dans une « war room » mise en place à Bangkok. Le ministre des Technologies de l’information et des Communications dit avoir fermé 2000 sites en vertu de la loi contre le délit de lèse-majesté.
La Thaïlande occupe la 130e place sur 175 pays recensés dans le classement mondial sur la liberté de la presse établi en 2009 par l’organisation.