(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une version abrégée d’un rapport de RSF daté du 30 janvier 2008: « Le journaliste Seyoum Tsehaye se trouve dans la cellule numéro 10 du Bloc A01 »: nouvelles révélations sur le camp pénitentiaire d’Eiraeiro Le journaliste érythréen indépendant Seyoum Tsehaye, dernier lauréat du prix Reporters sans frontières – Fondation de France, est toujours […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une version abrégée d’un rapport de RSF daté du 30 janvier 2008:
« Le journaliste Seyoum Tsehaye se trouve dans la cellule numéro 10 du Bloc A01 »: nouvelles révélations sur le camp pénitentiaire d’Eiraeiro
Le journaliste érythréen indépendant Seyoum Tsehaye, dernier lauréat du prix Reporters sans frontières – Fondation de France, est toujours vivant et incarcéré dans la cellule numéro 10 du bloc A01, réservé aux prisonniers politiques les plus sensibles, au sein du camp pénitentiaire appelé « Eiraeiro », près de la localité de Gahtelay, au nord de la route Asmara-Massaoua.
Cette information, parmi d’autres, a été recueillie par Reporters sans frontières en janvier 2008 auprès d’une source érythréenne dont l’anonymat a été préservé et qui a accédé à cette prison où sont détenus de nombreux responsables politiques.
Selon ce témoin, Seyoum Tsehaye a été transféré à Eiraeiro aux alentours de 2003. Il a été vu en train de se battre contre ses gardiens plusieurs années après son arrivée dans ce camp pénitentiaire secret, situé dans la vallée d’une région montagneuse et désertique. Très agité, le crâne rasé et portant une longue barbe, il s’est plusieurs fois révolté contre les soldats chargés de sa surveillance, refusant la nourriture des prisonniers et répétant qu’il avait « fait son travail », que c’était sa « responsabilité » et qu’il se « moquait de mourir ici ».
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Un goulag africain
Pieds nus, sous escorte, avec interdiction formelle de regarder ou de parler à d’autres détenus ou aux gardes qu’ils pourraient croiser, les prisonniers franchissent l’enceinte du camp, délimité par un mur de quatre mètres de haut, et sont conduits dans l’un des trois bâtiments qui abritent les cellules.
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Recommandations
Le camp pénitentiaire baptisé « Eiraeiro » est une honte pour l’Érythrée et pour l’Afrique. A l’approche du sommet de l’Union africaine (UA), qui se tient du 31 janvier au 2 février 2008, les chefs d’État du continent ne peuvent pas ignorer que le gouvernement érythréen est d’une cruauté inouïe avec tous ceux qu’il considère comme potentiellement dangereux pour sa survie.
A la lumière des informations, Reporters sans frontières recommande :
– Aux chefs d’Etat de l’UA et des grandes démocraties de convoquer l’ambassadeur d’Érythrée de leur pays respectif pour exprimer leur révolte devant le traitement inhumain des prisonniers politiques et demander leur libération. Les chancelleries de l’UA et d’autres États démocratiques devraient également exiger l’arrêt du racket organisé par les ambassades érythréennes pour financer le gouvernement d’Asmara. Tous ceux qui vivent en diaspora sont en effet contraints de verser au moins 2% de leurs revenus à l’ambassade d’Érythrée de leur pays, faute de quoi il leur est interdit de retourner sur leur terre natale, d’y posséder un bien quelconque ou d’y envoyer des colis.
– A l’Union européenne (UE) de procéder à des sanctions individuelles contre les principaux responsables de la répression et des camps de prisonniers. Les personnes suivantes, notamment, devraient au moins être interdites de visa sur le territoire européen: Yemane Gebremeskel, directeur de cabinet et porte-parole du président; Yemane Gebreab, conseiller spécial du président, dont la présence dans plusieurs prisons, et notamment Eiraeiro, a été attestée; le général Sebhat Ephrem, ministre de la Défense; Isaac Araia, dit « Wedi Hakim », administrateur du camp; Naizghi Kiflu, ministre du Gouvernement local et de l’Information, responsable des rafles de 2001; Ali Abdu, ministre de l’Information par intérim, responsable de la propagande; le docteur Haile Mihtsun, médecin du camp; le colonel Michael Hans, dit « Wedi Hans », commandant de la 32e division, responsable de la zone; le colonel « Wedi Welela », chef des services de renseignements de la Zone administration numéro 5; le major-général Gerezghiher Andemariam, dit « Wuchu », ancien administrateur du camp.
Pour le rapport intégral, veuillez cliquer ici: http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25249