(RSF/IFEX) – Le 3 juin 2004, la Haute Cour de Lahore a commué en prison à vie la double peine de mort à laquelle avait été condamné le rédacteur en chef du quotidien « The Frontier Post », Rehmat Shah Afridi. Ce dernier continue de protester de son innocence face aux accusations de trafic de haschich portées […]
(RSF/IFEX) – Le 3 juin 2004, la Haute Cour de Lahore a commué en prison à vie la double peine de mort à laquelle avait été condamné le rédacteur en chef du quotidien « The Frontier Post », Rehmat Shah Afridi. Ce dernier continue de protester de son innocence face aux accusations de trafic de haschich portées contre lui par l’agence antidrogue Anti-Narcotics Force (ANF).
RSF est soulagée par cette décision, mais regrette que la Haute Cour n’ait pas été plus loin en acquittant Afridi. En effet, des vices de forme et des manipulations ont entaché l’arrestation et le procès de Afridi, connu pour ses critiques à l’encontre de l’ANF et de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif. L’organisation demande qu’une commission indépendante soit constituée pour enquêter sur la procédure qui a permis au gouvernement de maintenir en prison un rédacteur en chef pendant cinq ans.
Le 3 juin, deux juges de la Haute Cour de Lahore (Est) ont annulé la double condamnation à mort prononcée en 2001 contre Afridi. Sa peine a été commuée en prison à vie. Les juges ont estimé que le trafic de haschich ne peut constituer un délit passible de la peine de mort. En effet, c’était la première fois dans l’histoire judiciaire du Pakistan qu’un individu était condamné à la peine capitale pour ce délit. Lors de l’audience, l’accusation a présenté une cassette vidéo montrant un individu ressemblant à Afridi en compagnie de membres de l’ANF déguisés en trafiquants de drogue. Dans ce même film, on entend également l’individu présenté comme Afridi refuser de s’impliquer dans le trafic d’héroïne.
Déjà, le 20 mai 2004, la Haute Cour de Lahore avait dénoncé la destruction par la police de certaines preuves matérielles, ce qui avait permis la condamnation de Afridi.
Ces nouveaux développements renforcent la thèse défendue par la famille de Afridi et RSF selon laquelle le journaliste a été victime d’une vengeance de l’agence de lutte contre la drogue pour ses dénonciations des abus de pouvoir et de la corruption de cet organisme financé par le gouvernement américain. Son fils, Jalil Afridi, a annoncé qu’il allait porter l’affaire devant la Cour suprême.
Afridi, rédacteur en chef des quotidiens « The Frontier Post » et « Maidan », publiés à Peshawar, avait été condamné à mort par pendaison en juin 2001. Il avait été arrêté le 2 avril 1999 pour trafic et possession de drogue.