Bashir Hashir et Abdiimalik Yusuf ont été condamnés respectivement à six mois et un an de prison ferme. Les deux comparaissaient en lien avec l’interview d’une jeune femme, qui disait avoir été violée par deux journalistes de la radio d’État.
Reporters sans frontières s’insurge contre la sentence prononcée par le tribunal régional de Mogadiscio à l’encontre du journaliste de Radio Shabelle, Bashir Hashir, et du président de Shabelle Media Network, Abdiimalik Yusuf, condamnés respectivement à six mois et un an de prison ferme, à l’issue d’un procès éclair de trois heures trente, le 9 décembre 2013.
« Ce verdict sévère et disproportionné démontre que cette parodie de procès s’apparente à une tentative d’intimidation des médias. Cela prouve l’emprise indue qu’exerce l’exécutif, notamment le puissant ministre de l’Intérieur, dans le cadre de cette affaire, sur les instances judiciaire somaliennes et le parti-pris à l’encontre des médias indépendants et de Radio Shabelle en particulier », a déclaré Reporters sans frontières.
« Quand un journaliste est condamné pour diffamation alors qu’aucune enquête sur les faits qui lui sont reprochés n’a été entreprise, il y a vraiment lieu de s’inquiéter. Quant aux charges retenues contre Abdiimalik Yusuf, elles ne paraissent même pas être liées à l’affaire en cours », a ajouté l’organisation.
« Si la Somalie souhaite véritablement évoluer vers un état sécurisé et respectueux de l’État de droit, des engagements sérieux doivent être pris pour mettre un terme à l’ingérence du politique dans les questions de justice et des médias », a conclu Reporters sans frontières.
Le procès qui s’est tenu dans la matinée du 9 décembre a condamné Bashir Hashir à 6 mois de prison ferme pour « diffamation » ; tandis que le chairman de Shabelle Media Network écopait d’un an de prison ferme pour « insulte aux institutions ». Les deux comparaissaient en lien avec l’interview d’une jeune femme, également journaliste, qui disait avoir été violée par deux journalistes de la radio d’État. Celle-ci a été condamnée à six mois de prison avec sursis à l’issu du même procès.
Après avoir prononcé ce verdict, le tribunal a offert aux condamnés la possibilité d’échapper à la prison pour le prix d’un dollar par jour de condamnation, c’est-à-dire un amende de 365 dollars américains pour Abdiimalik Yusuf et de 182 dollars pour Bashir Hashir.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, les deux hommes ont été libérés après paiement de l’amende.
Étrangement, le journaliste de Radio Shabelle, ainsi que la victime présumée de viol ont été condamnés pour diffamation alors que les deux présumés auteurs du viol n’ont eux jamais été inculpés ou arrêtés par la police dans le cadre de cette affaire.
Dans le cas d’Abdiimalik Yusuf, arrêté plusieurs fois dans cette affaire pour des motifs variés mais jamais fondés, les charges retenues ne sont finalement absolument pas liées au cas de l’interview, mais serait liées à un article publié sur le site de Radio Shabelle à l’époque du raid contre les locaux de la radio le 26 octobre dernier impliquant le ministre de l’Intérieur dans la confiscation des archives et du matériel de Radio Shabelle.
Après une suspension forcée de plus d’un mois, Radio Shabelle a recommencé à émettre le 30 novembre 2013. Néanmoins, elle ne dispose toujours pas de la nouvelle autorisation officielle qui devrait lui être délivrée par le Ministère de l’Information et demeure donc dans une situation précaire vis-à-vis des autorités.
Pour plus d’information sur les récentes attaques contre Radio Shabelle :
–Le Harcèlement de Radio Shabelle se poursuit La Somalie occupe la 175e place du Classement 2013 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
–Les médias indépendants dans la tourmente, entre coups de feu et expulsion
La Somalie occupe la 175e place du Classement 2013 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.