La journaliste risque toujours des dizaines d’années de prison à la suite de la série de charges et affaires qui pèsent encore sur elle.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 1 juin 2021.
En tant que membre de la coalition #HoldTheLine (HTL), Reporters sans frontières (RSF) salue le non-lieu prononcé par le tribunal correctionnel de Manille dans le cadre de la seconde poursuite en diffamation engagée contre la célèbre journaliste philippine Maria Ressa, mais demande le retrait immédiat de toutes les autres charges et affaires retenues contre elle et le site d’information Rappler.
Le juge Andres Soriano, qui siège au tribunal régional de Manille, a rendu un non-lieu, hier mardi 1er juin, dans une affaire visant Maria Ressa après que le plaignant, l’homme d’affaires controversé Wilfredo Keng, a retiré sa plainte. En conséquence, la poursuite intentée par le ministère public contre la journaliste est déclarée nulle et non avenue.
Les avocats de Wilfredo Keng ont étayé leur demande de retrait de plainte en ces termes : “Après mûre réflexion, notre client a décidé de consacrer son énergie à l’aide à la lutte contre la pandémie plutôt qu’à la poursuite de cette affaire.”
La coalition HTL salue ce retournement et exhorte le président Duterte et son administration à faire de même en abandonnant la totalité des huit charges et affaires encore engagées par le ministère public contre Maria Ressa.
“L’administration Duterte doit immédiatement mettre un terme à sa campagne de harcèlement et de persécution contre Maria Ressa et Rappler, a annoncé le comité de pilotage de HTL. Il doit cesser ses poursuites contre la journaliste et son site d’information, qui travaillent pour un journalisme d’intérêt public.”
Maria Ressa a été condamnée à une peine maximale de six ans d’emprisonnement en juin 2020, après avoir été reconnue coupable d’une accusation de diffamation montée de toutes pièces par l’Etat. Celle-ci faisait suite à la plainte déposée par Wilfredo Keng en lien avec une enquête de Rappler sur ses activités commerciales. Maria Ressa a fait appel de cette décision.
L’Etat philippin a entamé une seconde poursuite en diffamation contre Maria Ressa à la fin de l’année 2020, sur la base d’une seconde plainte de Wilfredo Keng, qui vient d’être rejetée. Elle portait sur un tweet de Maria Ressa contenant deux captures d’écran de la couverture par un autre média d’information des activités de l’homme d’affaires.
La journaliste risque toujours des dizaines d’années de prison à la suite de la série de charges et affaires qui pèsent encore sur elle.
Les Philippines occupent le 138e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.
Signez et partagez la pétition #HoldTheLine demandant au gouvernement philippin d’abandonner toutes les charges qui pèsent sur Maria Ressa et Rappler.
Note : cette dépêche relève de l’autorité du comité de pilotage de la coalition #HoldTheLine, sans nécessairement refléter la position de chacun des ou de tous les membres ou organisations de la coalition.