Le correspondant a été arrêté en février 2022, quatre jours après l'invasion russe de l'Ukraine, alors qu'il couvrait l'exode des réfugiés de guerre ukrainiens vers la Pologne.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 28 février 2024.
Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités judiciaires polonaises d’étayer les preuves pesant sur le journaliste espagnol Pablo González, arrêté en février 2022 à la frontière ukrainienne. Elles doivent le remettre en liberté dans l’attente de son procès qui doit avoir lieu dans les plus brefs délais.
Le 28 février, cela a fait deux ans que Pablo González, un journaliste de nationalité espagnole et russe, avait été placé en détention à la prison de Radom, dans le centre de la Pologne. Ce reporter accusé d’espionnage au service de la Russie restera emprisonné au moins jusqu’à fin mai, en raison de la huitième prolongation consécutive de sa détention provisoire, prononcée il y a deux semaines par la cour d’appel de Lublin. Le correspondant du journal Público et de la chaîne La Sexta a été arrêté en février 2022, quatre jours après l’invasion russe de l’Ukraine, dans la ville frontalière de Przemyśl, alors qu’il couvrait l’exode des réfugiés de guerre ukrainiens vers la Pologne. Les autorités polonaises ont affirmé que M. González, sous couvert de son statut de journaliste, travaillait comme espion pour le compte du service de renseignement militaire russe (GRU).
« Dans un État de l’Union européenne (UE), il est tout à fait inhabituel de maintenir un journaliste en détention pendant deux ans sans procès et sur la base d’accusations secrètes. Nous appelons les autorités judiciaires polonaises à remettre en liberté Pablo González avant qu’il ne puisse se défendre devant un tribunal au plus vite. Tout en respectant le principe du secret de l’instruction, nous demandons au parquet – conformément aux standards de l’UE – un minimum de transparence sur les preuves détenues contre le journaliste emprisonné depuis si longtemps.
Pavol Szalai, Responsable du bureau UE-Balkans de RSF
Depuis que Pablo González a été mis en examen pour espionnage, ni le juge en charge de l’affaire, ni le parquet, ni aucune autre autorité polonaise n’a détaillé publiquement les preuves retenues contre lui, et la défense n’a pas eu accès au dossier. Les seules nouvelles informations sur cette affaire, préservée dans l’opacité par la justice polonaise, ont été publiées l’année dernière par le site d’actualité russe indépendant Agentstvo. D’après ce média, Pablo González aurait espionné Zhanna Nemtsova, la fille du leader d’opposition russe Boris Nemtsov, assassiné à Moscou en 2015. Le média affirme également que González a fait un vol aller-retour avec un membre du GRU en 2017 de Moscou à Saint-Pétersbourg. Ces révélations n’ont toutefois pas été confirmées par une source officielle.
D’abord emprisonné à Przemyśl puis à Radom, Pablo González a été détenu dans des conditions particulièrement rudes et sans contact régulier avec sa famille, une situation critiquée par RSF à de multiples reprises.
La Pologne est située à la 57e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.