(RSF/IFEX) – Alors que l’armée continue à empêcher la presse privée de paraître normalement dans le pays, près d’un millier de professionnels des médias, notamment ceux des dizaines de radios FM, risquent de perdre leur travail en raison des mesures imposées par le roi le 1er février 2005. RSF mesure avec effroi les conséquences de […]
(RSF/IFEX) – Alors que l’armée continue à empêcher la presse privée de paraître normalement dans le pays, près d’un millier de professionnels des médias, notamment ceux des dizaines de radios FM, risquent de perdre leur travail en raison des mesures imposées par le roi le 1er février 2005.
RSF mesure avec effroi les conséquences de l’interdiction pendant six mois de toute information indépendante. « L’utilisation abusive de la loi sur la presse est une violation manifeste des engagements internationaux du Népal qui a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies », a affirmé l’organisation.
Selon le quotidien « Katmandu Post », près d’un millier de professionnels de l’information sont sans activité et risquent de perdre leur travail. Au Népal, 41 radios FM emploient plusieurs centaines de journalistes et techniciens. Ainsi, Hits FM et FM Adhyatma Jyoti ont développé des rédactions composées chacune de plus d’une dizaine de reporters. Et les stations les plus importantes, notamment Kantipur FM, disposaient d’au moins 90 correspondants dans le pays.
Certaines radios, notamment Annapurna FM diffusée à Pokhara (Centre) et Kantipur FM, ont été contraintes de licencier des journalistes. L’agence de presse sonore Communication Corner qui distribue des programmes à près de 14 radios a été obligée de fermer.
Déjà en janvier 2001, le gouvernement avait interdit les programmes d’information sur les radios FM. La Cour suprême avait cassé, en juillet de la même année, la décision gouvernementale.
Depuis que les communications ont été rétablies, le 8 février, de nouvelles informations circulent sur les effets dévastateurs du coup d’Etat du 1er février sur la liberté de la presse. L’armée continue de fermer des journaux. Ainsi, dans la soirée du 7 février, des militaires ont perquisitionné quatre hebdomadaires de la capitale pour les empêcher de paraître. Cité par le site Internet BBC News, un journaliste radio parle de « terreur psychologique » sur les rédactions de la part de l’armée.
Un officier dirige la rédaction de l’hebdomadaire « Janaastha ». Les hebdomadaires « Taza Khabar », « Samata », « Punarjagaran », « Drishti » et « Yugsambad » auraient également été fermés ou mis sous l’autorité directe de l’armée royale.
De son côté, Rajendra Dahal, directeur d’un bimensuel du groupe de presse Himal Media, cité par Voice of America, affirme que « si notre censure ou notre autocensure ne sont pas suffisantes aux yeux des autorités, nous sommes menacés, accusés ou arrêtés ». Afin de protester contre la censure, des titres de Himal Media ont publié, de manière ironique, des éditoriaux sur le tir à l’arc ou la danse classique.
Le site d’informations http://www.nepalnews.com, bloqué pendant une semaine, est de nouveau en ligne, mais ne publie « aucune information allant contre la lettre et l’esprit de la proclamation royale ». Le site précise également que la rubrique « Couverture internationale » a été suspendue. Par ailleurs, l’armée a demandé aux 30 fournisseurs d’accès à Internet de bloquer de manière plus efficace les sites maoïstes basés à l’étranger.
La famille du président de la Fédération des journalistes népalais (FNJ), Tara Nath Dahal, est toujours harcelée par l’armée. La majorité des membres de la direction de la FNJ, notamment Gopal Budhathoki, vivent dans la clandestinité. En signe de protestation contre la censure, ce dernier avait publié cette semaine l’hebdomadaire « Sanghu » qu’il dirige, avec un blanc à la place de l’éditorial.
Enfin, de nombreux militants des droits de l’homme népalais, connus pour avoir défendu des journalistes emprisonnés, ont été arrêtés, menacés ou placés en résidence surveillée. RSF est particulièrement préoccupée pour Subodh Raj Pyakurel et toute l’équipe de l’ONG INSEC, avec qui l’organisation avait publié en novembre 2002, un rapport intitulé : « Népal. Tortures et détentions arbitraires : Les Nations unies doivent intervenir pour protéger les droits de l’homme au Népal ».