La journaliste et poète Yirgalem Fisseha Mebrahtu avait été arrêtée le 22 février 2009, à l’occasion d’une rafle qui avait touché l’ensemble de Radio Bana, la station où elle travaillait.
(RSF/IFEX) – Le 6 avril 2012 – La journaliste Yirgalem Fisseha Mebrahtu, privée de sa liberté depuis son arrestation en février 2009, est hospitalisée dans la capitale Asmara depuis le début de l’année 2012, a appris Reporters sans frontières. L’organisation se dit extrêmement inquiète pour sa santé et très préoccupée par ses conditions de détention.
« Alors que les regards du monde entier sont actuellement tournés vers les massacres en Syrie ou la violente répression de moines tibétains qui protestent de façon spectaculaire en s’immolant par le feu, le sort de l’Erythrée continue de ne susciter qu’indifférence. Pourtant, les citoyens de ce pays – parmi lesquels 32 journalistes au moins sont emprisonnés sans raison ni aucune forme de procès, certains depuis plus de dix ans – sont soumis à un pouvoir non moins cruel que celui de Damas ou de Pékin », a déclaré Reporters sans frontières.
« Le gouvernement d’Issaias Afeworki a déjà laissé mourir au moins quatre journalistes en détention. Il n’autorise aucune information sur plusieurs autres dont on ignore s’ils sont en vie. Il joue aujourd’hui avec celle de Yirgalem Fisseha Mebrahtu », a ajouté l’organisation, qui dénonce l’apathie de la communauté internationale qui s’accommode de la tragédie érythréenne depuis 2001.
D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, Yirgalem Fisseha Mebrahtu se trouve à l’hôpital Halibet, à Asmara, dans un état sérieux. La jeune femme avait été admise dans cet hôpital à deux reprises, en novembre 2011 et en janvier 2012. Elle y est désormais gardée de manière permanente et ne peut recevoir de visite. La nature de la maladie dont elle souffre n’a pas été communiquée à ses proches, mais son traitement nécessite l’achat de médicaments à l’étranger.
La journaliste et poète originaire d’Adi Keyeh (Sud) avait été arrêtée le 22 février 2009, à l’occasion d’une rafle qui avait touché l’ensemble de Radio Bana, la station où elle travaillait. Elle est soutenue par Reporters sans frontières et parrainée, comme son confrère emprisonné Dawit Isaac, par la section espagnole de l’organisation.
Au chapitre des rares bonnes nouvelles, Reporters sans frontières a appris que le journaliste Said Abdulhai, qui avait été arrêté au cours de la dernière semaine du mois de mars 2010, a été libéré il y a plusieurs mois. Vétéran de la guerre d’indépendance contre l’Ethiopie, diplômé de l’université de Benghazi en Libye dans les années 1980, il est l’un des fondateurs du département des médias après la libération. A une époque directeur du département de la presse au ministère de l’Information, il avait ensuite été responsable de l’agence de presse érythréenne et du journal progouvernemental en tigrinya, anglais et arabe. Employé au ministère des Affaires étrangères au moment de son arrestation, il travaille désormais au ministère de l’Education.
Certains de ses confrères continuent de fuir le pays pour échapper à la dictature et à une possible arrestation. Ainsi le journaliste du service en amharique de la radio publique Dimtsi Hafash et de la chaîne publique Eri-TV, Senay Gebremedhin, employé du ministère de l’Information pendant 14 ans, a réussi à gagner l’Ethiopie voisine en janvier 2012. Un autre, dont l’anonymat est préservé pour des raisons de sécurité et qui a fui à la même période que Senay Gebremedhin, vient d’entrer en contact avec Reporters sans frontières pour obtenir de l’assistance.