(RSF/IFEX) – Alors que le procès des auteurs présumés de meurtres – commis fin 1998 – d’intellectuels et d’opposants débute, à Téhéran, le 23 décembre 2000, RSF demande aux autorités iraniennes de tout mettre en oeuvre pour que ce procès soit public et équitable. L’organisation demande également que la justice communique aux familles des victimes […]
(RSF/IFEX) – Alors que le procès des auteurs présumés de meurtres – commis fin 1998 – d’intellectuels et d’opposants débute, à Téhéran, le 23 décembre 2000, RSF demande aux autorités iraniennes de tout mettre en oeuvre pour que ce procès soit public et équitable. L’organisation demande également que la justice communique aux familles des victimes les éléments de leurs dossiers. Il est impératif que ce procès se déroule en toute transparence. Depuis fin 1998, les familles des victimes attendent que les assassins soient identifiés et punis. Elles ont été, jusqu’à présent, profondément déçues par le piétinement de la justice dans cette affaire. Le 9 décembre 1998, RSF, Amnesty International et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme avaient demandé la création d’une commission d’enquête internationale. Les autorités ont refusé. L’organisation espère que les engagements du président Khatami, qui a affirmé que la population serait « informée » du déroulement du procès, seront respectés. Neuf journalistes sont actuellement emprisonnés à Téhéran pour « propagande anti-islamique », « atteinte à la sécurité nationale », « propagation de fausses nouvelles », « atteinte à l’islam », etc. Par ailleurs, deux journalistes, Khalil Rostamkhani et Hassan Youssefi Echkevari, sont passibles de la peine de mort (Voir les alertes de l’IFEX des 19 décembre, 14 novembre, 17 octobre, 8 août, et 29 juin 2000).
À la fin de l’année 1998, plusieurs intellectuels et opposants – Darioush et Parvaneh Forouhar, figures emblématiques de l’opposition libérale, Majid Charif, éditorialiste pour le mensuel « Iran-é-Farda », les écrivains-journalistes Mohamad Mokhtari et Mohamad Jafar Pouyandeh – ont été assassinés. Ces meurtres ont provoqué un profond émoi dans l’opinion publique iranienne. Le 22 novembre 1998, Forouhar et son épouse, Parvaneh, ont été retrouvés assassinés à leur domicile, à Téhéran. Entre le 25 novembre et le 9 décembre 1998, Charif, Mokhtari et Jafar Pouyandeh ont disparu. Leurs corps ont été retrouvés, quelques jours plus tard, dans la banlieue de Téhéran.
Fin août 1998, Pirouz Davani, rédacteur en chef du journal « Pirouz », a également disparu. Son corps n’a jamais été retrouvé (Voir les alertes de l’IFEX du 13 septembre 2000, 8 et 3 décembre1998). Le 28 novembre 1998, le journal « Kar et Karegar » a fait état de rumeurs sur son exécution. Fin novembre 2000, Akbar Ganji, journaliste de « Sobh-é-Emrouz » qui travaillait sur l’affaire, a confirmé ces rumeurs et mis en cause Mohseni Egeie, procureur du tribunal du clergé, dans cet assassinat. Les responsables du régime n’ont jamais confirmé cette version. Ganji, poursuivi, entre autres, pour ces révélations, est incarcéré à la prison d’Evine, depuis le 22 avril 2000 (Voir les alertes de l’IFEX des 24 et 15 novembre, 7 septembre, 29 juin, 16, 12 et 1 mai, 28 et 25 avril 2000).
Le 6 janvier 1999, le ministre des Renseignements, Ghorbanali Dorri-Najafabadi, a admis l’implication de certains de ses agents mais a affirmé qu’aucun haut responsable n’était au courant de ces assassinats. Pourtant, le 9 février, Dorri-Najafabadi, membre influent du clan des conservateurs, directement mis en cause, a démissionné. Le 20 juin, l’agence de presse officielle IRNA a annoncé le suicide, dans sa cellule et dans des circonstances troubles, du principal suspect Saeed Emami, un haut responsable du ministère des Renseignements. Ses dépositions, consignées avant sa mort, manquent aujourd’hui dans le dossier d’instruction mis à la disposition des avocats des familles des victimes. Au même moment, le procureur du tribunal militaire de Téhéran a révélé qu’une dizaine de personnes, appartenant pour la plupart aux services secrets, avaient été arrêtées. Deux d’entre elles sont, depuis cette date, toujours incarcérées. Les autres ont été libérées. Dans une série d’articles parus en 1999, Ganji, a mis en cause plusieurs personnalités iraniennes – dont l’ancien président de la République, Ali Akbar Hashemi Rafsandjani et son ministre des Renseignements, Ali Fallahian -, dans ces meurtres.
Le 23 décembre 2000, dix-huit personnes doivent comparaître devant la justice militaire.