(RSF/IFEX) – Ces dernières semaines, les journalistes ont été interdits d’assister à plusieurs procès d’opposants à Damas. « Le fait que les médias ne puissent plus couvrir ces audiences démontre clairement que le régime syrien ne souhaite avoir aucun compte à rendre à l’opinion publique internationale. Ces mesures sont symptomatiques d’un durcissement du régime. Quant à […]
(RSF/IFEX) – Ces dernières semaines, les journalistes ont été interdits d’assister à plusieurs procès d’opposants à Damas. « Le fait que les médias ne puissent plus couvrir ces audiences démontre clairement que le régime syrien ne souhaite avoir aucun compte à rendre à l’opinion publique internationale. Ces mesures sont symptomatiques d’un durcissement du régime. Quant à ces détentions d’opposants, elles démontrent un mépris total de Damas à l’égard de la liberté d’expression », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Ali Hamoud. « Nous vous demandons de revenir sur cette décision et d’autoriser, lors des prochaines audiences, la présence de la presse et des observateurs internationaux », a-t-il ajouté.
Le 19 mai 2002 à Damas, les journalistes n’ont pas été autorisés à assister à la deuxième audience du procès de l’opposant Riad Al-Turk devant la Cour de sûreté de l’État, à l’exception d’un journaliste de l’agence officielle syrienne SANA. Arrêté le 1er septembre 2001, Al-Turk avait déjà passé dix-sept ans en prison, sans jugement, avant d’être libéré en 1998. Le 6 août, lors d’une réunion dans un domicile privé à Damas, cet ex-avocat, soixante et onze ans, avait appelé à « un passage du despotisme à la démocratie ». Et à la mi-août, il était intervenu sur la chaîne de télévision Al-Jazira où il avait tenu des propos critiques à l’égard du président Bachar el-Assad. Le 28 avril 2002, les journalistes avaient pu assister à la première audience de son procès.
Le 14 mai, lors de l’ouverture du procès de Habib Issa et Walid Bounni devant la Cour de sûreté de l’État, ni les journalistes ni les diplomates n’ont été autorisés à assister à l’audience à l’exception, une fois encore, du correspondant de SANA. Les avocats de la défense ont refusé que le juge procède aux interrogatoires et demandé que le procès puisse être ouvert au public. La prochaine audience pour Bounni, médecin et membre d’une organisation de la société civile, a été fixée au 12 juin, et celle de Issa, avocat et porte-parole du cercle de réunion Jamil el-Atassi, au 19 juin. « Les propos prêtés aux accusés relèvent du domaine de la liberté d’expression. Ce ne sont que des paroles, des déclarations, articles de presse et interventions dans les salons politiques », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocat Abdel Azim.
Le 9 mai, les journalistes n’ont pas pu assister au procès de Aref Dalila, économiste, et Habib Saleh, homme d’affaires, qui se tenait également devant la Cour de sûreté de l’État. Il en a été de même pour les diplomates et les membres des familles des détenus. La prochaine audience se tiendra le 3 juin.
Al-Turk, Issa, Bounni, Dalila et Saleh font partie d’un groupe d’opposants arrêtés durant l’été 2001 et accusés de « tentative de changer la Constitution par des moyens illégaux, incitation à des dissensions confessionnelles et à la sédition, propagation d’informations mensongères et tentative de nuire à l’image de l’État ». Parmi eux, deux députés, Riad al-Seif et Mamoun Homsi, ont été condamnés le 4 avril par la cour pénale de Damas, à cinq ans de prison pour avoir tenté de modifier la Constitution « par des moyens illégaux ».
En août et septembre, plusieurs correspondants de la presse étrangère en poste à Damas avaient fait l’objet d’intimidations répétées de la part des autorités. Ces pressions s’étaient exercées lors des arrestations de ces grandes figures de la société civile. Il avait notamment été signifié à certains de ces journalistes de ne pas répercuter des informations sur ces interpellations.