(RSF/IFEX) – RSF appelle la justice maldivienne à la clémence à la veille du rendu du verdict dans le procès pour « terrorisme » de Jennifer Latheef et cinq autres accusés. L’organisation estime qu’une peine de prison serait un signal malheureusement très clair sur le non-respect par le président Maumoon Abdul Gayoom de ses engagements en faveur […]
(RSF/IFEX) – RSF appelle la justice maldivienne à la clémence à la veille du rendu du verdict dans le procès pour « terrorisme » de Jennifer Latheef et cinq autres accusés. L’organisation estime qu’une peine de prison serait un signal malheureusement très clair sur le non-respect par le président Maumoon Abdul Gayoom de ses engagements en faveur d’une démocratisation du pays.
« La reprise des procès pour terrorisme intentés contre des journalistes et des militants des droits de l’homme ne trompe personne. Le gouvernement maldivien tente d’utiliser le contexte de lutte internationale contre le terrorisme pour réprimer, comme lors des pires années de la dictature, une opposition démocratique pacifique », a déploré l’organisation.
Latheef, jeune journaliste et militante des droits de l’homme, devait comparaître devant une cour criminelle de Malé, le 25 septembre à 10h45 (heure locale), afin de répondre de l’accusation d' »acte de terrorisme » pour jet de pierres sur un policier.
Lors des émeutes qui avaient eu lieu dans la capitale en septembre 2003, Latheef s’était rendue sur les lieux des incidents, puis dans un hôpital, pour recueillir des témoignages. A l’époque, elle réalisait des documentaires sur des problèmes sociaux. Actuellement, elle collabore à des publications indépendantes, notamment le quotidien indépendant « Minivan ».
Latheef, fille du président en exil du Parti démocratique maldivien, a déclaré à RSF qu’elle avait une confiance limitée dans la justice de son pays. Elle réfute les accusations portées contre elle qui reposent uniquement sur des témoignages de policiers.
Une dizaine de journalistes proches de l’opposition font actuellement l’objet de procédures pour terrorisme ou violation des lois sur la presse.
Le célèbre opposant Mohamed Nasheed, collaborateur régulier de plusieurs publications et de sites Internet, a été inculpé de terrorisme et de sédition. La date de son procès n’est pas encore connue, mais l’organisation Friends of Maldives, basée au Royaume-Uni, vient d’annoncer que quatre avocats britanniques allaient se rendre prochainement dans le pays pour suivre son procès. Malgré les protestations internationales, Nasheed risque toujours une lourde peine de prison (consulter des alertes de l’IFEX du 8 septembre, 18 et 17 août 2005).
Depuis l’arrestation, le 12 août 2005, de ce dernier, une vague de répression a conduit à l’arrestation d’au moins trois autres journalistes. Ainsi, le photographe Imran Zahir, collaborateur régulier de Minivan, est détenu depuis le 4 septembre. Lors de son interrogatoire, les policiers lui ont demandé s’il avait pris des clichés d’une réunion du parti démocratique.
« Minivan », un quotidien d’opposition lancé en juillet, a tout d’abord été confronté au refus de son imprimeur, en août, de continuer à le mettre sous presse suite aux pressions des autorités. Le journal est actuellement diffusé sur des feuilles photocopiées. Par ailleurs, six de ses journalistes, dont la directrice de publication, Aminath Najeeb, font l’objet de poursuites. Ils ont déjà été convoqués par la police plusieurs fois. Mi-septembre, le ministère de l’Information a en effet transmis six articles du journal au procureur pour que des poursuites soient engagées.