(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Quatre hebdomadaires saisis en une semaine RSF demande la suppression de l’article 11 de la loi sur la presse Depuis le début de l’année 2000, sept hebdomadaires mauritaniens ont été saisis par les autorités, dont quatre durant la dernière semaine d’août (La Tribune, Le Carrefour, […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Quatre hebdomadaires saisis en une semaine
RSF demande la suppression de l’article 11 de la loi sur la presse
Depuis le début de l’année 2000, sept hebdomadaires mauritaniens ont été saisis par les autorités, dont quatre durant la dernière semaine d’août (La Tribune, Le Carrefour, Inimich et El Qods). Reporters sans frontières demande au chef de l’Etat mauritanien, le colonel Ould Sid’Ahmed Taya, de faire en sorte que l’article 11 de la loi sur la presse, au nom duquel toutes ces saisies sont effectuées, soit supprimé. L’organisation considère que cet article permet à l’Etat mauritanien d’exercer une véritable censure dans le pays. Si le pouvoir continue d’utiliser cet article comme il l’a fait ces dernières semaines, l’avenir de la presse privée semble incertain en Mauritanie. Entre 1998 et 1999, douze saisies et sept suspensions (de un à trois mois) ont frappé des titres mauritaniens.
Selon cet article 11 de l’Ordonnance-loi du 25 juillet 1991 relative à la liberté de la presse « le ministère peut, par arrêté, interdire la circulation, la distribution ou la vente de journaux […] qui portent atteinte aux principes de l’Islam ou à la crédibilité de l’Etat, causent un préjudice à l’intérêt général ou troublent l’ordre et la sécurité publics […] ». Dans ce cas, le ministère de l’Intérieur n’est pas tenu de justifier sa décision. Il lui suffit de transmettre au journal et à l’imprimerie une « notification » pour interdire « la circulation, la distribution et la mise en vente » du titre. Cette censure épargne peu de titres : une dizaine d’entre eux, aux sensibilités très différentes, ont fait l’objet de ce type de mesures au cours de ces trois dernières années.
Les sujets qui entrainent ces saisies sont nombreux : corruption, drogue, esclavage, situation au Sahara occidental, droits de l’homme, relations avec Israël, réseaux islamistes, etc. Le périodique Le Calame, une des cibles privilégiées du régime, a été rebaptisé « le journal le plus censuré de Mauritanie », avec six saisies en 1998 et 1999. Depuis le début de l’année 2000, c’est La Tribune qui subit les foudres du pouvoir. L’hebdomadaire a été saisi à deux reprises durant l’été. Le 23 août, c’était dû, selon le directeur du journal, Mohammed F. Ould Oumère, à l’éditorial titré « Une fête pour quoi faire ? », celui-ci évoquait la commémoration du coup d’Etat du 10 juillet 1978. Il considérait que « la paix apportée par les militaires arrivés au pouvoir est plus coûteuse que la guerre » et estimait que « le bilan des militaires est négatif sur tous les plans ». Par ailleurs, un long dossier était consacré à la visite du chef de l’Etat à l’intérieur du pays. Les journalistes sous-entendaient notamment que le président se désintéresse de la prière, qu’il renoue avec certaines pratiques animistes et se laisse manipuler par son entourage.