RSF est scandalisée par les nouvelles condamnations de plusieurs Tibétains à de lourdes peines de prison pour avoir tenté de faire circuler des informations sur la gravité de la situation actuelle des droits de l'homme dans la province.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est scandalisée par les nouvelles condamnations de plusieurs Tibétains, dont un mineur, à de lourdes peines de prison pour avoir tenté de faire circuler des informations sur la gravité de la situation actuelle des droits de l’homme dans la province, alors qu’au moins 52 personnes se sont immolées par le feu eu lieu depuis février 2009.
« Pékin accentue sa politique d’isolement du Tibet. En empêchant les journalistes d’avoir accès à cette région, en coupant les communications de manière temporaire ou permanente, les autorités rendent très difficile la circulation de l’information. Ainsi les seules sources et relais de l’information sur place sont les citoyens tibétains eux-mêmes, qui prennent le risque de diffuser nouvelles, photos et vidéos hors du territoire », a déploré l’organisation, avant de préciser : « En utilisant la loi sur les secrets d’Etat pour toute information dérangeante ou à caractère politique, les autorités chinoises cherchent à dissuader tout citoyen d’informer la communauté internationale. L’article 32 de la loi qualifie de crime la divulgation de ‘secrets d’Etat’ en dehors du pays ».
Deux tribunaux de la préfecture du Sichuan, à l’est du Tibet, ont condamné trois moines et un laïc à de lourdes peines allant de sept à onze ans de prison. Les quatre hommes sont accusés d’avoir diffusé, hors de Chine, des informations concernant les immolations par le feu de moines et la répression exercée par Pékin dans la région.
Lobsang Tsultrim, âgé de 19 ans, et Lobsang Jangchub, âgé de 17 ans, ont été condamnés, respectivement, à onze ans et huit ans de prison. D’après Kanyak Tsering, moine et coordinateur média du monastère de Kirti (comté de Ngaba au Sichuan), exilé en Inde, les deux jeunes moines ont apporté leur aide à Gebe, un moine de Kirti, âgé de 18 ans, qui s’est immolé par le feu le 10 mars 2012. Aucune information sur leur détention n’a été divulguée depuis leur arrestation, en mars dernier.
De la même manière, la Cour populaire intermédiaire de Barkham, dans l’est du Tibet, a condamné Lobsang Tashi, moine au Monastère de Kirti, âgé de 26 ans, et Bu Thupdor, âgé de 25 ans, à, respectivement, sept ans et sept ans et demi de prison pour avoir diffusé des informations sur la situation au Tibet à l’étranger. Ils avaient été arrêté en novembre 2011.
Selon plusieurs sources, les familles de Lobsang Tashi et de Bu Thupdor auraient été informées deux jours avant l’audience, par la Cour, de la tenue du procès, mais n’ont pas été autorisées à solliciter un avocat. Les deux accusés ont pu voir leurs familles pendant quelques minutes seulement. Ils seraient détenu à la prison de Mianyang, dans la province du Sichuan. Cette information n’a pas été confirmée par les autorités.
La Chine figure à la 174ème place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières et fait partie de la liste des pays « Ennemis d’Internet » établie en 2012 par l’organisation.