(RSF/IFEX) – RSF a adressé une lettre de protestation au secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, le 19 avril 2005, après que quatre journalistes venus d’Abidjan ont été maltraités à Bouaké, le 14 avril en fin d’après-midi. « Nous sommes conscients que, en Côte d’Ivoire, les haines politiques trouvent un écho privilégié dans une […]
(RSF/IFEX) – RSF a adressé une lettre de protestation au secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, le 19 avril 2005, après que quatre journalistes venus d’Abidjan ont été maltraités à Bouaké, le 14 avril en fin d’après-midi.
« Nous sommes conscients que, en Côte d’Ivoire, les haines politiques trouvent un écho privilégié dans une presse souvent partisane, a notamment écrit l’organisation dans sa lettre. Mais rien ne justifie que des hommes en armes abusent de leur force et menacent impunément des journalistes. Les violences contre la presse sont souvent le signe avant-coureur de violences politiques de plus grande ampleur. Or, puisque le silence des armes semble être de nouveau d’actualité en Côte d’Ivoire, il serait incompréhensible que le secrétaire général des FN ne réagisse pas publiquement à cette agression », a déclaré l’organisation.
Hamadou Ziao de « L’Inter », Sylla Arouna de « Soir’Info », Gbané Yacouba du journal « Le Temps » et David Youant du « Courrier d’Abidjan » ont été menacés par des membres des FN, après avoir couvert une rencontre entre les FN et les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) à Bouaké.
Peu après la réunion du 14 avril, aux alentours de 17h00 (heure locale), les quatre journalistes ont pris la route du sud, en direction de la zone gouvernementale. Selon Charles d’Almeida, rédacteur en chef de « Soir’Info » et de « L’Inter », ils auraient été arrêtés en chemin par un véhicule des FN qui, après leur avoir barré la route, a ordonné à leur chauffeur, Didier Gragnon, de sortir de la voiture. Un homme en uniforme a alors pris le volant, conduisant les journalistes jusqu’au cimetière de la ville.
Une demi-heure durant, les quatre journalistes ont été verbalement menacés par les hommes qui les ont escortés, leur ordonnant de se coucher à terre, de s’agenouiller et de regretter leurs écrits.
Interrogé par RSF, Yacouba a affirmé qu’un des hommes avait placé le canon de son arme sur sa tempe. « On va vous tuer, vous écrivez n’importe quoi sur nous, nous ne voulons plus vous voir à Bouaké, sinon on va vous tuer », lui aurait asséné l’homme.
Les portables des quatre journalistes, que les FN avaient d’abord saisis, leur ont été restitués. Yacouba assure que tout son argent lui a été volé.
Le 14 avril, les états-majors de l’armée ivoirienne et les FN se réunissaient à Bouaké pour relancer le processus de désarmement, une réunion qui devait marquer le début de l’application de l’accord de paix de Pretoria.