(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le verdict prononcé le 4 mars 2007 par la Haute Cour de Hargeisa, capitale de l’Etat autoproclamé du Somaliland (Nord), condamnant trois journalistes et le directeur du quotidien privé « Haatuf » à de lourdes peines de prison pour avoir prétendument diffamé le gouvernement, le chef de l’Etat et sa famille. […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le verdict prononcé le 4 mars 2007 par la Haute Cour de Hargeisa, capitale de l’Etat autoproclamé du Somaliland (Nord), condamnant trois journalistes et le directeur du quotidien privé « Haatuf » à de lourdes peines de prison pour avoir prétendument diffamé le gouvernement, le chef de l’Etat et sa famille.
« L’affaire « Haatuf » a été marquée par des anomalies de procédure et une disproportion des moyens utilisés par le gouvernement pour s’en prendre au journal. Elle se conclut par un verdict plus qu’excessif, entachant l’histoire du Somaliland en matière de liberté de la presse. Le chef de l’Etat doit maintenant tenir ses promesses et obtenir, au plus vite, la remise en liberté des journalistes incarcérés, ainsi que la parution normale du quotidien », a déclaré l’organisation.
Le 4 mars, la Haute Cour de Hargeisa, siègeant exceptionnellement dans l’enceinte de l’académie de police de Mandera (60 km au nord-est de Hargeisa), a condamné Yusuf Abdi Gabobe, directeur de publication de « Haatuf », à deux ans de prison pour avoir « rapporté de fausses informations sur le gouvernement, discréditant le Président et sa famille et créant une tension entre les communautés ». Ali Abdi Dini, rédacteur en chef, Mohamed Omar Sheik, correspondant dans la région d’Awdal (Nord-Ouest), et Ibrahim Mohamed Rashid Fara, journaliste, jugé par contumace, ont pour leur part été condamnés à deux ans et cinq mois. La licence de publication du journal a été révoquée.
Le 21 février, le président de la République, Dahir Riyale Kahin, s’était dit prêt, après une rencontre avec l’Association des journalistes du Somaliland (Somaliland Journalists Association, SOLJA), à gracier les journalistes de « Haatuf » s’ils étaient condamnés. Malgré la suspension de sa licence, « Haatuf » a pu paraître normalement, le 5 mars.
Yusuf Abdi Gabobe et Ali Abdi Dini avaient été arrêtés lors d’un raid de la police contre les locaux de leur journal, le 2 janvier. D’abord incarcérés au quartier général de la police à Hargeisa, ils avaient été transférés début février à la prison de Mandera. Mohamed Omar Sheik avait quant à lui été arrêté à son domicile le 14 janvier, transféré à Hargeisa puis à la prison de Mandera.
Ils étaient poursuivis pour une série d’articles parus en novembre 2006 et janvier 2007, dénonçant des cas de favoritisme dans les nominations gouvernementales et l’utilisation à des fins personnelles de véhicules officiels. Ils ont été condamnés en vertu du code pénal somalien datant de 1962, dont les lois sur la presse ont été pourtant rendues caduques par l’adoption d’une législation spécifique, en 2004. Toutefois, la Haute Cour a refusé de juger les journalistes sur la base de ce dernier texte.