(RSF/IFEX) – Le 27 juin 2003, comparaîtront devant un juge d’instruction à Rabat Mustapha Kechnini, directeur de publication de l’hebdomadaire « Al Hayat al Maghribia » (basé à Oujda), Mohammed el Hourd, directeur de publication de l’hebdomadaire « Asharq » (basé à Oujda), et Abdelmajid Ben Tahar, rédacteur en chef de ce même journal. Comme Mustapha Alaoui, directeur de […]
(RSF/IFEX) – Le 27 juin 2003, comparaîtront devant un juge d’instruction à Rabat Mustapha Kechnini, directeur de publication de l’hebdomadaire « Al Hayat al Maghribia » (basé à Oujda), Mohammed el Hourd, directeur de publication de l’hebdomadaire « Asharq » (basé à Oujda), et Abdelmajid Ben Tahar, rédacteur en chef de ce même journal. Comme Mustapha Alaoui, directeur de l’hebdomadaire « Al Ousboue », incarcéré depuis le 5 juin, ces journalistes ont été interpellés dans le cadre de la loi antiterroriste mais seraient aujourd’hui poursuivis en vertu du code de la presse qui prévoit des peines de prison pour des délits de presse.
« Nous demandons au ministre de la Justice, Mohammed Bouzoubaâ, des précisions sur les charges qui pèsent sur ces journalistes. Nous aimerions savoir exactement ce qu’on leur reproche. Si la lutte contre le terrorisme est légitime, elle ne doit pas porter atteinte aux libertés et en particulier à la liberté d’expression « , a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, qui a demandé la libération immédiate des quatre journalistes.
L’organisation rappelle aux autorités marocaines que, dans un document du 18 janvier 2000, Abid Hussain, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, a demandé « à tous les gouvernements de veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d’emprisonnement, sauf pour des délits tels que les commentaires racistes ou discriminatoires ou les appels à la violence . . . l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ».
Le 25 juin, durant la première audience du procès d’Alaoui, le juge a refusé la demande de liberté provisoire déposée par les avocats du journaliste. Arrêté le 5 juin, Alaoui, 67 ans, avait été admis, deux jours plus tard, au service des urgences de l’hôpital Avicenne à Rabat, pour aggravation de son diabète. Début juin, son hebdomadaire avait reproduit, en une, un texte d’une organisation inconnue se faisant appeler Assaïqa. Celle-ci revendiquait la préparation de trois des cinq attentats de Casablanca. Le parquet avait alors estimé que la publication de cette lettre « constituait une violation caractérisée des dispositions pénales en vigueur et particulièrement de celles contenues dans la loi sur la lutte antiterroriste ».
Le 13 juin, Kechnini, Hourd et Ben Tahar ont été placés en garde à vue sur ordre du procureur général du roi. Ils sont aujourd’hui incarcérés à la prison de Salé (Rabat).
On reproche à Kechnini d’avoir publié, dans l’édition n°118 de « Al Hayat al Maghribia » (paru le 5 mai), un texte d’un islamiste, Zakkaria Boughrara, qui faisait l’éloge de « l’action et du mouvement jihadiste au Maroc ».
Hourd, directeur de publication de l’hebdomadaire « Asharq », a été interrogé, quant à lui, sur l’article de Boughrara, publié dans son journal le 5 juin (et déjà publié le 5 mai par « Al Hayat al Maghribia »). Ben Tahar a été questionné sur le même article.
Le procureur de la cour d’appel de Rabat avait alors déclaré que « dans le cadre de l’enquête des attentats du 16 mai, un certain nombre de personnes ont été arrêtées dont Mustapha Kechnini, Abdelmajid Ben Tahar, Mohammed el Hourd et l’auteur de l’article, Zakkaria Boughara ». Ces journalistes seraient pourtant aujourd’hui poursuivis en vertu des articles 38 et 39 du code de la presse qui prévoient des peines allant de un à trois ans de prison.