Le communiqué de l'AMISOM a qualifié le meurtre de Noramfaizul Mohd d'"accidentel" mais n'a pas spécifié les actions des militaires mis en cause ni décrit leur niveau de culpabilité.
(CPJ/IFEX) – New York, le 26 septembre 2011 – Quatre militaires de l’Union africaine (UA) déployés en Somalie ont été suspendus et renvoyés dans leur pays d’origine, le Burundi, pour un éventuel procès après qu’une enquête interne a révélé qu’ils sont responsables de la mort par balle d’un journaliste malaisien ce mois-ci. Dans un communiqué publié aujourd’hui, la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) s’est excusée de cette fusillade qui a également blessé un autre journaliste malaisien.
Les militaires de l’AMISOM ont ouvert le feu sur un convoi d’aide humanitaire malaisien qui se rendait à sa base à l’aéroport de Mogadiscio, la capitale somalienne, selon des témoins cités par des médias internationaux. La victime de cette fusillade qui s’est produite le 2 septembre courant est Noramfaizul Mohd, 39 ans, un cameraman de la chaîne de télévision nationale malaisienne Bernama TV qui accompagnait la mission humanitaire. Son collègue Aji Saregar, 27 ans, caméraman de la chaîne malaisienne TV3, a été atteint à la main droite par des coups de feu.
Le communiqué de trois paragraphes de l’AMISOM a qualifié ce meurtre d' »accidentel » mais n’a pas spécifié les actions des militaires mis en cause ni décrit leur niveau de culpabilité. L’AMISOM a déclaré dans ce même communiqué qu’elle « recommandait » aux autorités burundaises de juger les quatre militaires « selon les procédures militaires et judiciaires en vigueur dans leur pays ».
« La déclaration de l’AMISOM est une première étape importante vers la situation des responsabilités dans ce drame, nous exhortons maintenant les autorités burundaises à donner suite à sa recommandation », a déclaré Tom Rhodes, consultant pour l’Afrique de l’Est du CPJ. « L’UA, pour sa part, doit redoubler d’efforts pour mettre fin aux fusillades aveugles des journalistes en Somalie », a-t-il martelé.
En août dernier, le CPJ a rapporté que Farah Hassan, responsable logistique de la station Radio Simba à Mogadiscio, a été tué par des tirs qui, selon des témoins, provenaient d’une zone contrôlée par les forces de l’UA. En outre, l’agence de presse américaine, Associated Press, a rapporté que des organisations de défense des droits de l’homme ont accusé l’AMISOM d’avoir bombardé des zones densément peuplées de civils.
La Somalie est le pays le plus dangereux en Afrique pour la presse, avec 35 journalistes tués en relation directe avec leur profession depuis 1992, selon des recherches du CPJ.