L'Agence de renseignement de sécurité aurait effectué une série d'écoutes téléphoniques et d'interceptions de communications illégales.
(RSF/IFEX) – Paris, le 23 novembre 2010 – Le Premier ministre de Trinidad et Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a récemment fait état, devant le Parlement, de l’implication de l’Agence de renseignement de sécurité (SIA) dans une série d’écoutes téléphoniques et d’interceptions de communications illégales dirigées contre des hommes politiques, des magistrats, des avocats, des syndicalistes, des gens du spectacle et des médias.
« Ce n’est que très récemment que j’ai appris que cette agence était impliquée dans des affaires d’écoutes téléphoniques et d’interceptions de communications de citoyens. Si j’en avais été informée plus tôt, j’aurais immédiatement pris des mesures pour répondre à des actions que j’estime inconstitutionnelles et illégales », a déclaré le Premier ministre.
A l’origine, la SIA a été instituée pour pister le trafic de drogue et d’armes dans le pays. Or, lorsqu’il s’est avéré que de hauts fonctionnaires des précédentes administrations étaient impliqués dans des cas présumés de corruption, l’agence a entrepris de surveiller les activités de certaines personnalités, et notamment des journalistes et des rédactions enquêtant sur ces affaires. L’agence a poursuivi ses activités sous les deux précédents gouvernements, successivement dirigés par le United National Congress (UNC) et le Peoples’ National Movement (PNM).
Parmi les journalistes ciblés figurent : Dale Enoch, de Radio I 95 FM ; Sasha Mohammed, de TV6 ; Shelly Dass, de CNC TV ; Francis Joseph et Ken Ali, du quotidien Newsday ; Camini Marajh, du quotidien Trinidad Express, et Inshan Ishmael, d’IBN TV.
L’actuel gouvernement a fait un pas réel pour limiter strictement le recours à de telles pratiques, sous encadrement judiciaire. Néanmoins, il est indispensable qu’une enquête, au besoin confiée à une commission parlementaire spéciale, mette au jour les résultats de cet incroyable dévoiement des services de renseignements. En particulier pour déterminer à quel degré les informations recueillies ont pu nuire à des journalistes et à leurs sources.