Reporters sans frontières condamne fermement les assauts menés contre les rédactions de trois médias d’opposition, le 9 décembre 2013 à Kiev, suite à la dispersion des rassemblements massifs de l’opposition à Kiev.
Reporters sans frontières condamne fermement les assauts menés contre les rédactions de trois médias d’opposition, dans la soirée du 9 décembre 2013 à Kiev. L’organisation appelle toutes les parties au calme et au respect des acteurs de l’information.
“Les raids contre Vechirni Visti, INTV et Cenzor.net constituent des atteintes graves à la liberté de l’information et aux garanties constitutionnelles ukrainiennes. Non seulement ces médias sont contraints d’interrompre leurs activités et la confidentialité de leurs sources est piétinée, mais ces attaques envoient un signal d’intimidation très clair à toute la profession. Nous demandons aux autorités ukrainiennes de faire toute la lumière sur ces actions menées dans des conditions scandaleuses et en-dehors de tout cadre légal. S’il se confirme qu’elles ont été menées par des représentants des forces spéciales, les autorités compétentes devront s’en expliquer et répondre des graves violations commises”, a déclaré l’organisation.
Aux alentours de 18 heures, alors que les forces anti-émeutes lançaient des actions visant à déloger les manifestants des lieux qu’ils occupaient depuis plusieurs jours dans la capitale, des inconnus armés et casqués ont fait irruption dans les locaux du quotidien Vechirni Visti, de la chaîne de télévision en ligne INTV et du site d’information Cenzor.net. Ces médias, proches du parti d’opposition BIouT de Ioulia Tymochenko, battent des records d’audience depuis le début du mouvement de protestation “Euromaidan”. Les agresseurs portaient tous des tenues similaires à celles des forces spéciales “Berkut”. Certains d’entre eux étaient masqués.
“Les attaquants ne se sont pas présentés, ils ne nous ont montré aucun mandat, raconte le rédacteur en chef de Cenzor.net, Iouri Boutoussov, joint au téléphone par Reporters sans frontières. Ils ont ordonné à tous les collaborateurs de la rédaction de s’éloigner de leurs ordinateurs et de ne pas utiliser leurs téléphones portables. Puis, sans aucune explication, ils ont confisqué tout notre équipement. C’est une descente criminelle visant à réduire à néant un site qui diffuse de l’information sur le mouvement ‘Euromaidan’”.
Les collaborateurs d’INTV et de Vechirni Visti décrivent un scénario similaire, bien que les assaillants aient vaguement fait référence à une “enquête en cours” contre ces médias. Les agresseurs ont emporté tous les serveurs contenant les bases de données des médias et permettant de se connecter à Internet. Dans le cas de Vechirni Visti, des documents ont également été saisis.
Les locaux du parti BIouT auraient eux-mêmes été pris d’assaut par des hommes en armes un peu plus tôt.
Plusieurs médias de référence, parmi lesquels le site Internet du journal anglophone Kyiv Post, étaient inaccessibles au moment de ces événements, vraisemblablement victimes d’attaques de déni de service.
Reporters sans frontières avait condamné le passage à tabac d’une cinquantaine de journalistes lors de la dispersion des premiers rassemblements massifs de l’opposition à Kiev, entre fin novembre et début décembre.