(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 13 février 2007: Le directeur de publication d' »Umuvugizi » passé à tabac: Reporters sans frontières préoccupée par le climat d’hostilité visant la presse indépendante Reporters sans frontières est préoccupée par l’agression dont a été victime, le 9 février 2007, Jean-Bosco Gasasira, directeur de publication du […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 13 février 2007:
Le directeur de publication d' »Umuvugizi » passé à tabac: Reporters sans frontières préoccupée par le climat d’hostilité visant la presse indépendante
Reporters sans frontières est préoccupée par l’agression dont a été victime, le 9 février 2007, Jean-Bosco Gasasira, directeur de publication du bimensuel indépendant « Umuvugizi ». Cette attaque est intervenue au terme de plusieurs mois d’hostilité verbale manifestée par le gouvernement rwandais envers la presse privée critique.
« Lorsque nous dénoncions les menaces dont Jean-Bosco Gasasira faisaient l’objet, les services de renseignements accusaient le journaliste de chercher une publicité facile. Lorsque nous avons appelé le gouvernement rwandais à apaiser le climat d’hostilité entretenu envers la presse indocile, celui-ci a répondu que nous étions mal informés. Aujourd’hui qu’un directeur de journal sort à peine du coma après avoir été passé à tabac, il est urgent de prendre des mesures fortes. Cela doit commencer par un geste du président Paul Kagame. Il doit enfin écouter la presse indépendante, au lieu de voir en elle un ennemi », a déclaré l’organisation.
Jean-Bosco Gasasira a été passé à tabac par plusieurs inconnus, le 9 février en fin de journée, à Kigali. Admis dans un état critique à l’hôpital du roi Fayçal, le journaliste est finalement sorti du coma le 13 février. Le ministre rwandais de l’Information, Laurent Nkusi, après avoir rendu visite à la victime, a annoncé l’ouverture d’une enquête par la police et l’arrestation d’un suspect. Ce dernier nie avoir participé à l’agression, affirmant avoir fait partie des personnes venues au secours du journaliste.
A partir d’août 2006, Jean-Bosco Gasasira a fait l’objet d’intimidations téléphoniques répétées et d’une surveillance des agents du service de renseignements militaire lors de ses déplacements. « Certains appels passés de numéros privés me menacent d’être battu à mort », avait-il déclaré à Reporters sans frontières. Il avait refusé de révéler aux autorités des informations sur la situation de Bonaventure Bizumuremyi, directeur de l’hebdomadaire privé « Umuco », en fuite après avoir été, lui aussi, sérieusement menacé. Face à ces accusations, les services de renseignements avaient alors accusé « Umuco » et d’autres journaux privés de chercher une « publicité facile » (« cheap publicity »). Le journal « Umuvugizi » a par ailleurs été critiqué par les autorités rwandaises pour avoir, comme les autres publications indépendantes « Umuco » et « Umuseso », dénoncé le favoritisme dans la gestion du ministre de l’Economie et des Finances, James Musoni.
L’année 2006 a été marquée par un climat de grande hostilité entre le gouvernement et une partie de la presse indépendante. Elle avait commencé par l’agression, par quatre inconnus, de Bonaventure Bizumuremyi, dans le but de le contraindre à cesser de publier des articles défavorables au Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir).
Le début de l’année 2007 a connu un regain de tension. Au cours d’une conférence de presse, le 22 janvier, le chef de l’Etat rwandais a notamment pris à partie Emmanuel Niyonteze, journaliste du bimensuel « Umuseso », qui l’interrogeait sur son rapprochement avec le président ivoirien, Laurent Gbagbo. Depuis cette date, le journaliste reçoit des appels anonymes menaçants.
La presse gouvernementale a également fait preuve d’agressivité envers certains médias, notamment la radio publique américaine Voice of America (VOA). Frank Ndamage, journaliste de l’hebdomadaire public « Imvaho Nshya », a même demandé, lors d’une conférence de presse, le 2 février, la fermeture de VOA, accusée de favoriser l’opposition rwandaise. Après avoir expulsé sans explications la correspondante de la station publique française Radio France Internationale (RFI), Sonia Rolley, en juin 2006, le gouvernement rwandais avait ordonné la fermeture de l’émetteur de la chaîne, en novembre, après avoir rompu ses relations diplomatiques avec la France.