Par arrêté ministériel, 61 journaux ont été interdits de publication en RDC. Un premier arrêté citait l’article 16 de la même loi pour justifier que 75 autres titres, n’ayant pas paru depuis au moins trois ans, cessaient tout simplement d’exister.
Par arrêté ministériel du 20 août, 61 journaux ont été interdits de publication en RDC. Il s’agit du second arrêté en deux jours portant interdiction de paraître ou dissolution de journaux. Ces décisions ont été fortement contestées par la communauté des médias congolais.
L’arrêté, signé le 20 août par le ministre de l’Information, Lambert Mende Omalanga, déclare que selon l’article 22 de la loi sur la presse du 2 juin 1996, « les organes de presse visés (…) ne détiennent aucun titre (légal ndlr) les autorisant à exercer en République démocratique du Congo et de ce fait n’existent pas en tant qu’organes de presse ». Un premier arrêté du 18 août citait l’article 16 de la même loi pour justifier que 75 autres titres, n’ayant pas paru depuis au moins trois ans, cessaient tout simplement d’exister.
Or plusieurs propriétaires de médias interrogés par Reporters sans frontières dénoncent le caractère infondé de cette décision. Ils affirment soit disposer des récépissés les autorisant à paraître, soit que leur journal est régulièrement publié et ne tombe pas sous le coup de l’arrêté du 18 août. Il est à noter néanmoins que certains titres concernés par l’arrêté du 18 août ont bel et bien cessé d’exister ou ne paraissent qu’épisodiquement, d’avantage sous forme de tracts, souvent politisés, que de véritables journaux.
« Nous préférons penser qu’il s’agit d’une maladresse du ministère de l’Information plutôt que d’une tentative de censure. Il est toutefois important de ne pas utiliser des prétextes administratifs pour faire pression sur la presse congolaise, ce qui est le cas aujourd’hui. L’autorité du ministère à déclarer l’interdiction de publication des journaux est également discutable. C’est une tâche qui devrait revenir à l’autorité de régulation ou, le cas échéant, aux tribunaux. Nous demandons que ces arrêtés soient immédiatement révoqués et que les journaux concernés soient autorisés à paraître. » Face à la mobilisation des organisations des médias, dont Journaliste en Danger, le ministère de l’Information a octroyé un moratoire de 45 jours aux médias interdits de parution pour se mettre en règle et fournir les documents demandés. Néanmoins, cette mesure ne concernerait que les titres en souffrance avec l’administration fiscale ou ceux n’ayant pas paru depuis au moins trois ans.
L’article 22 de la loi congolaise de 1996 sur la presse prévoit que la parution des journaux suive un régime de déclaration et non d’autorisation préalable. La presse congolaise compte plusieurs centaines de titres dont certains paraissent de façon extrêmement sporadiques au gré des affaires politiques ou des scandales et ne répondent pas véritablement au cahier des charges attendu d’un véritable organe de presse.
La République démocratique du Congo occupe la 151e place dans le Classement 2014 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières