Le 2 mars 2018, à Bukavu, Radio Télévision Vision Grands Lacs a été fermée par des membres de l'Agence nationale de renseignements (ANR). RSF demande aux autorités congolaises de procéder à sa réouverture immédiate.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 23 mars 2018.
Le 2 mars 2018, à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo, Radio Télévision Vision Grands Lacs a été fermée par des membres de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités congolaises de procéder à sa réouverture immédiate.
Vendredi 2 mars, une dizaine d’agents se réclamant de l’ANR a fait irruption dans les locaux de Radio Télévision Vision Grands Lacs (RTVGL). Ils ont coupé le signal de la chaîne, située à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la RDC.
« Cela fait plusieurs mois que l’ANR nous réclame des documents administratifs, explique Fammy Mikindo, le directeur de RTVGL à Bukavu joint par RSF. Nous les avons fournis, mais elle veut désormais nous imposer une amende de 15 000 dollars pour fonctionnement illégal. C’est inacceptable. »
« Les motifs administratifs et financiers évoqués ne justifient en aucun cas la fermeture d’une chaîne de télévision, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. L’ingérence de l’ANR met en jeu la liberté d’information des Congolais. Ces interventions doivent cesser. Les journalistes ne sont pas des criminels. »
En effet, ce n’est pas la première fois que les services de renseignements interviennent pour censurer des médias. Mercredi 21 mars, Roberto Tshahe, un journaliste du site CAS-INFO a été interpellé à Kinshasa par quatre agents de l’ANR pour avoir publié une interview de Francis Kalombo, un ancien cadre du parti au pouvoir désormais proche de l’opposant Moïse Katumbi, dans laquelle il met en doute la nationalité congolaise du président Joseph Kabila. Le journaliste a été interrogé pendant quatre heures avant d’être relâché. Les agents de l’ANR ont menacé de le jeter en prison ou de le contraindre à l’exil en cas de nouvelle publication sur ce sujet.
En 2017, la moitié des atteintes à la liberté de la presse enregistrée en RDC ont été perpétrées par des agents des services de renseignements d’après le dernier rapport sur l’état de la liberté de presse en RDC de l’organisation congolaise Journaliste en danger.
La République démocratique du Congo occupe la 154ème place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse 2017 de RSF.