L;assassinat terrible de ce journaliste de radio communautaire confirme encore un peu plus la situation de danger alarmante dans laquelle évoluent les journalistes à l’est de la RDC.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 12 novembre 2024.
Arrêté par des membres du mouvement armé M23 (Mouvement du 23 mars) le 29 octobre, le journaliste de radio congolais Yoshua Kambere Machozi a été retrouvé mort huit jours plus tard, selon nos informations. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ce crime et appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour garantir la protection des professionnels de l’information, tout particulièrement dans cette zone de conflit.
Terrible nouvelle pour la presse en République démocratique du Congo (RDC). Le journaliste Yoshua Kambere Machozi, animateur de la Radio communautaire de Mpety, située à 180 kilomètres à l’ouest de Goma, dans le Nord-Kivu, a été retrouvé mort le 6 novembre. Son corps sans vie gisait au bord d’une rivière dans le village de Katobi, à quatre kilomètres de la ville de Mpety. Yoshua Kambere Machozi animait depuis 2022 les émissions de sport ainsi que la chronique musicale du média de proximité.
Le 29 octobre dernier, après de violents affrontements entre les rebelles du M23 et les miliciens de groupements d’autodéfense pro-gouvernementaux évoluant aux côtés de l’armée congolaise, appelés “wazalendo”, le M23 a pillé la Radio communautaire de Mpety, emportant tout le matériel et entraînant la fuite de son directeur, Barthélémy Bakangana. Alors qu’il tentait lui aussi de s’échapper, Yoshua Kambere Machozi a été arrêté par des membres du M23. Il a été retrouvé mort le 6 novembre.
« L’assassinat terrible de ce journaliste de radio communautaire confirme encore un peu plus la situation de danger alarmante dans laquelle évoluent les journalistes à l’est de la RDC. RSF condamne fermement ce crime et appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour garantir la protection des professionnels de l’information, tout particulièrement dans cette zone marquée par un conflit armé, où l’accès à l’information est plus que jamais nécessaire. Cet événement tragique témoigne aussi des risques encourus par les radios communautaires dans la zone, premiers relais de l’information, qui doivent être protégées. »
Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Yoshua Kambere Machozi est le deuxième journaliste tué dans la province du Nord-Kivu en l’espace de deux mois. Le coordinateur de la radio catholique Maria, Edmond Bahati Monja, avait été tué par balles à bout portant dans la soirée du 27 septembre à Goma.
Les radios communautaires prises en otage dans le Nord-Kivu
La Radio communautaire de Mpety est loin d’être la seule radio pillée par le mouvement rebelle dans la province. Ces médias de proximité, moyen d’information précieux, sont particulièrement vulnérables à l’est du pays. En juillet dernier, RSF alertait sur le bouleversement du paysage médiatique local entraîné par la progression de la rébellion du M23 dans le sud du territoire de Lubero : au-delà des pillages, les radios se retrouvent contrôlées ou censurées par le groupe armé.
La ville de Mpety risque désormais de devenir une zone de non-information. D’après les sources de RSF, les rebelles du M23 ont débranché l’antenne desservant la zone. “Un procédé qui empêche les milices de communiquer et de se coordonner” selon un journaliste qui préfère garder l’anonymat.