Les autorités ont ordonné la suspension de l'accès à internet, aux réseaux sociaux et au service de SMS, empêchant les informations de circuler et les journalistes de travailler.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 2 janvier 2019.
Alors que le dépouillement se poursuit après les élections législatives et présidentielle du 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC), l’accès à internet est suspendu, l’accréditation d’une correspondante de RFI a été retirée et les principaux émetteurs de la radio ont été coupés. Reporters sans frontières (RSF) condamne cet usage systématique de la censure et appelle les autorités à ne pas entraver le travail des journalistes et des médias.
Depuis le 30 décembre et la fermeture des bureaux de vote pour les élections législatives et présidentielle, les Congolais sont progressivement privés d’accès à l’information. Les autorités ont ordonné la suspension de l’accès à internet, aux réseaux sociaux et au service de SMS, empêchant les informations de circuler et les journalistes de travailler. Des mesures « pour préserver l’ordre public » qui pourraient rester en vigueur jusqu’à la publication des résultats prévus au plus tard ce dimanche 6 janvier selon le conseiller principal du président Joseph Kabila, cité par Reuters.
Radio France Internationale, l’une des radios les plus écoutées du pays, est également la cible des autorités. L’antenne de RFI n’est quasiment plus accessible, la plupart de ses émetteurs ayant été coupés mardi. Dans une lettre adressée à la direction de la chaîne, le ministre de la Communication et des Médias Lambert Mende Omalanga, a également signifié le retrait de l’accréditation de Florence Morice, correspondante de RFI en RDC, lui reprochant d’avoir régulièrement annoncé des résultats provisoires à l’antenne. Des accusations contestées par la chaîne qui a défendu dans un communiqué, le professionnalisme de sa journaliste et demandé le rétablissement de la diffusion de son antenne.
« En coupant internet et en entravant la diffusion d’un média international de référence très populaire dans le pays, les autorités congolaises privent les journalistes d’un outil de travail indispensable et la population d’un accès à l’information essentiel en marge d’une élection présidentielle attendue depuis deux ans, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. La préservation de l’ordre public ne peut justifier le recours systématique à la censure. Cette stratégie est non seulement liberticide, mais elle est contre-productive. Empêcher les journalistes et les médias de travailler alimente la suspicion et porte sérieusement atteinte à la transparence, et donc à la crédibilité, de toute consultation démocratique ».
Les coupures ont été dénoncées par plusieurs chancelleries occidentales dont celles des Etats-Unis et de l’Union européenne qui ont demandé dans un communiqué conjoint au gouvernement « de ne pas bloquer l’accès à internet et aux médias ».
La RDC fait partie des pires cybercenseurs en Afrique. A la veille des élections, RSF et son organisation partenaire Journaliste en danger (JED), s’étaient inquiétées de possibles coupures en marge des élections. En 2017, RSF avait également pointé du doigt la responsabilité des fournisseurs d’accès à internet comme Orange et demandé qu’ils résistent aux injonctions des régimes autoritaires au nom de leurs engagements et de la liberté d’information.
En 2018, la RDC, 154e au Classement mondial de la liberté de la presse, est le pays dans lequel RSF a enregistré le plus d’exactions contre les journalistes et les médias en Afrique subsaharienne.