Reporters sans frontières (RSF) dénonce la poursuite en diffamation du journaliste Pius Romain Rolland Ngoie et sa détention après une émission politique dans laquelle il fait état d’un chantage financier présumé de la part d’un député.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 29 décembre 2020.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce la poursuite en diffamation d’un journaliste et sa détention après une émission politique dans laquelle il fait état d’un chantage financier présumé de la part d’un député. RSF demande la libération immédiate de ce journaliste.
Pius Romain Rolland Ngoie est toujours en détention provisoire. Ce journaliste indépendant, connu en République démocratique du Congo (RDC) et régulièrement invité dans des émissions de débats politiques, est poursuivi pour diffamation et imputation dommageable par le député Fabrice Puela, proche de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti au pouvoir. Au cours d’une émission télévisée diffusée il y a deux mois sur Radio Télévision Groupe Avenir (RTGA), il a indiqué que selon ses informations, le député aurait demandé de l’argent à l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, dans une affaire de chantage politique.
Le journaliste a été interpellé mardi 22 décembre dernier puis arrêté et transféré deux jours plus tard à la prison centrale de Makala à Kinshasa, la capitale du pays. Selon Jonas Ngalamulume, l’avocat de l’Union Nationale de la Presse Congolaise (UNPC) qui défend le journaliste dans cette affaire, la décision sur une éventuelle remise en liberté provisoire sera rendue demain. La date de l’audience au fond, elle, n’a pas encore été fixée.
“Cette affaire témoigne une nouvelle fois des risques liés à la profession de journaliste en RDC, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Cela fait presque une semaine que ce journaliste, poursuivi pour de simples faits de diffamation, est maintenu en détention et traité comme un criminel. Nous demandons sa libération immédiate. Il est temps que la RDC adopte un nouveau cadre légal beaucoup plus protecteur en matière de liberté de la presse afin que ses journalistes ne passent plus par la case prison pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions”.
La semaine dernière, RSF dénonçait le cas de Pascal Mulegwa, journaliste et correspondant pour Radio France Internationale (RFI), assigné en justice après avoir cité dans un article paru le 20 septembre un rapport d’ONG accusant un sénateur et ancien ministre d’avoir détourné de l’argent pour financer sa campagne électorale.
Le nombre des exactions perpétrées à l’encontre des journalistes et des médias reste élevé en RDC. Dans son dernier rapport annuel publié lundi 2 novembre, Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de RSF, dressait un constat alarmant : en 2020, 116 violations de la liberté de la presse ont été enregistrées dans le pays, dont 40 arrestations.
La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.