RSF appelle les autorités congolaises à laisser les reporters faire leur travail dans le respect des règles d’hygiène dans cette période où la production d’informations fiables et indépendantes par des professionnels est plus que jamais essentielle.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 25 mars 2020.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce vigoureusement l’agression d’un journaliste en reportage sur le respect des mesures de confinement liées au coronavirus en République démocratique du Congo (RDC). RSF appelle également les autorités congolaises à laisser les reporters faire leur travail dans le respect des règles d’hygiène dans cette période où la production d’informations fiables et indépendantes par des professionnels est plus que jamais essentielle.
Tholi Totali Glody, journaliste pour Alfajari TV, l’une des chaînes phares de Likasi, deuxième ville de la province du Haut-Katanga en RDC, a été violemment agressé par les forces de l’ordre alors qu’il circulait à moto, mardi 24 mars, dans le cadre d’ un reportage sur le respect des mesures de confinement imposées à la population. Les habitants de la région ont été placés en confinement le 22 mars sur décision du gouverneur à la suite de deux cas suspectés de coronavirus.
D’après le directeur des programmes de la chaîne joint par RSF, le journaliste qui a d’abord tenté d’expliquer aux policiers qu’il était en reportage, a ensuite été pris en chasse par deux agents qui l’ont fait tomber de la moto-taxi qu’il utilisait. Il souffre de nombreuses blessures au visage, au bras et d’une fracture à la jambe.
“Nous condamnons sans réserve l’extrême violence de cette agression sur un journaliste qui ne faisait qu’effectuer son travail, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Parce qu’ils assurent une mission d’information absolument essentielle en cette période de pandémie mondiale, nous appelons les autorités congolaises, comme l’ont déjà fait de nombreux pays, à intégrer officiellement les journalistes dans la liste des personnes autorisées à circuler librement dans le cadre de l’exercice de leur métier et dans le respect des mesures élémentaires d’hygiène préconisées. S’attaquer aux professionnels de l’information dans ce contexte n’est pas seulement une violation de la liberté de la presse, c’est aussi saper les efforts de la riposte en cours. Il est impératif que les auteurs de ces violences soient identifiés et sanctionnés.”
La RDC comptait mardi 24 mars 48 cas positifs et trois personnes décédées des suites du coronavirus. Le président de la république Félix Tshisekedi a décrété l’état d’urgence et isolé Kinshasa du reste du pays en interdisant tous les voyages depuis et vers la capitale considérée comme le foyer de l’épidémie.
Le pays se remet tout juste d’une autre épidémie, celle liée au virus Ebola qui a fait plus de 2200 morts dans l’est du pays. Un journaliste a été assassiné, plusieurs de ses confrères menacés et une radio incendiée pour avoir participé aux efforts de la riposte en organisant des émissions de sensibilisation décriées par une partie de la population et des groupes armés. Alertées par RSF, l’ONU, l’OMS et les autorités congolaises n’ont toujours pas donné suite aux demandes de soutien et de mesures de sécurité concernant ces journalistes et médias victimes collatérales de cette épidémie.
La RDC occupe la 154e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019.