(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Culture et de la Communication, Mohammed Abou, RSF a protesté contre le refus des autorités algériennes d’accorder un visa à « Libération », « Le Figaro » et « Le Monde », à l’occasion de la visite en Algérie du ministre français du Commerce extérieur. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Culture et de la Communication, Mohammed Abou, RSF a protesté contre le refus des autorités algériennes d’accorder un visa à « Libération », « Le Figaro » et « Le Monde », à l’occasion de la visite en Algérie du ministre français du Commerce extérieur. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au ministre algérien de veiller à ce que les visas ne soient plus octroyés de façon arbitraire. « Pourquoi délivrer des visas à certains journalistes et pas à d’autres ? Vu les événements graves qui se déroulent actuellement en Algérie, les journalistes étrangers devraient avoir la possibilité de couvrir librement l’actualité et ce, quelle que soit la rédaction à laquelle ils appartiennent », a-t-il ajouté. RSF a rappelé, par ailleurs, que le 16 mai 2001, l’Assemblée nationale a adopté un projet d’amendement du Code pénal qui sanctionne les délits de presse par de lourdes amendes et des peines allant de deux mois à un an de prison.
Selon les informations recueillies par RSF, une dizaine de médias français avaient fait une demande de visa pour l’Algérie, dans la perspective de la visite à Alger, le 14 juin, du ministre français du Commerce extérieur. Or, trois quotidiens français (« Libération », « Le Figaro » et « Le Monde ») n’ont pas obtenu ce visa. Thierry Oberlé, en charge de l’Algérie au « Figaro », a expliqué à RSF qu’il ne peut se rendre en Algérie depuis un an. La dernière fois qu’il est parvenu à obtenir un visa, c’était à l’occasion du voyage d’Abdelaziz Bouteflika en France, en juin 2000. Depuis cette date, plusieurs demandes ont été faites auprès de l’ambassade d’Algérie à Paris, en vain. Selon lui, « les visas ne sont obtenus relativement facilement que lorsqu’il y a des échéances électorales ou des événements officiels ». En juin 2000, un responsable du ministère algérien de la Communication avait déclaré à RSF qu’il ne « voyait pas pourquoi des journalistes viendraient en Algérie quand il n’y a pas d’événement particulier à couvrir ». Le dernier visa obtenu par José Garçon, spécialiste de l’Algérie à « Libération », date de l’été 1999, à l’occasion de la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Quant à Florence Aubenas, autre journaliste en charge des affaires algériennes à « Libération », cela remonte à novembre 1999, date du référendum sur la concorde civile. « Nous faisons des demandes environ tous les deux mois. On ne nous les refuse jamais. Simplement nous n’avons jamais de réponse », précise Aubenas. « On ne voit ça que dans quatre ou cinq pays dans le monde », a-t-elle ajouté.
Officiellement, la délivrance des visas pour les journalistes étrangers ne relève que des services du ministère de la Communication. Questionné sur le refus opposé depuis des années à certains journalistes, un responsable de ce ministère avait répondu, en juin 2000 à RSF, ne pas savoir « à quel niveau se situe cette décision ». Il avait ajouté que l’État algérien a « le droit de refuser des visas à des pseudo-journalistes qui militent contre la dignité nationale algérienne sans aucun respect de la déontologie. L’Algérie est souveraine et peut refuser de donner des visas à quiconque est partie prenante contre ses intérêts nationaux ».