(RSF/IFEX) – RSF s’est félicitée des engagements pris par les participants à la Table ronde ivoirienne concernant la question des médias. L’accord de Linas-Marcoussis, signé dans la nuit du 24 janvier 2003, et approuvé par les chefs d’État africains réunis à Paris deux jours plus tard, consacre en effet les points V et VI aux […]
(RSF/IFEX) – RSF s’est félicitée des engagements pris par les participants à la Table ronde ivoirienne concernant la question des médias. L’accord de Linas-Marcoussis, signé dans la nuit du 24 janvier 2003, et approuvé par les chefs d’État africains réunis à Paris deux jours plus tard, consacre en effet les points V et VI aux « Médias » et aux « Droits et libertés de la personne humaine ». « Cet accord montre une réelle volonté politique de la part des décideurs ivoiriens. Mais il appartient maintenant au nouveau gouvernement de respecter et d’appliquer les engagements pris », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation s’inquiète en effet du regain de violence qui frappe des médias et des journalistes en Côte d’Ivoire suite à la signature de cet accord. Elle demande aux autorités de tenir leurs engagements et de tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des journalistes travaillant dans le pays.
Ces mesures doivent être respectées et appliquées au plus vite. Depuis la signature de l’accord et les émeutes et manifestations qui s’en sont suivies, les violences et agressions contre les médias et journalistes travaillant dans le pays se sont intensifiées. Le 26 janvier, les locaux de la station privée Radio Nostalgie, situés dans le quartier du Plateau, à Abidjan, ont été saccagés par des manifestants antifrançais, qui ont détruit les vitres et le matériel bureautique. La radio d’Hamed Bakayoko, l’un des responsables du Rassemblement des Républicains d’Alassane Ouattara, avait déjà été attaquée en octobre 2002 par des hommes armés (consulter des alertes de l’IFEX des 29 et 18 octobre 2002). Le même jour, dans la matinée, les locaux du journal indépendant « Le Jour » ont également été saccagés par des jeunes patriotes hostiles à l’accord de Marcoussis. Ils ont détruit et pillé l’ensemble du matériel et ont aspergé les locaux d’essence, sans y mettre le feu. Deux des collaborateurs du quotidien ont été pris à partie par la foule alors qu’ils se rendaient à leur journal. « Le Jour » avait publié peu avant deux enquêtes sur les « escadrons de la mort » mettant en cause les forces de sécurité ivoiriennes. Par ailleurs, un journaliste de l’Agence France-Presse a été pris à partie dans le quartier résidentiel de Cocody, à Abidjan, et les manifestants ont lancé des pierres sur son véhicule. Enfin, un photographe du journal « Fraternité Matin », N’Guessan N’Guessan, a été agressé par des jeunes manifestants dans le quartier du Plateau, à Abidjan, qui ont emporté le flash de son appareil photo. De nombreux journaux n’ont pas pu paraître le 27 janvier, en raison des incidents, parmi lesquels « Le Jour », « Le Patriote » ou encore « Le Réveil ».
Parmi les points de l’accord concernant les médias, le nouveau gouvernement de réconciliation nationale « condamne les incitations à la haine et à la xénophobie qui ont été propagées par certains médias », et entend donner davantage de pouvoirs aux autorités de régulation des médias, afin de veiller au respect de l’éthique et de la déontologie professionnelles. Il compte également « garantir la neutralité et l’impartialité » des médias publics et « favoriser l’indépendance financière des médias ». Il s’engage enfin à rétablir la diffusion des émissions de radio et télévision internationales.
Par ailleurs, une Commission nationale des droits de l’homme doit être créée afin de veiller « à la protection des droits et libertés en Côte d’Ivoire ». Le nouveau gouvernement s’engage à traduire devant la justice pénale internationale les auteurs de violations graves des droits de l’homme.
RSF avait exhorté le 16 janvier dernier les partis politiques et les mouvements rebelles présents à la Table ronde ivoirienne à prendre de véritables engagements pour assurer l’instauration d’une presse plus libre et plus responsable dans le pays.