(RSF/IFEX) – La promulgation d’une loi plus restrictive sur la presse, qui fait suite aux arrestations de grandes figures politiques et de la société civile, démontre, une fois de plus, l’absence de volonté des autorités syriennes de libéraliser l’information. L’autorisation de publication de nouveaux journaux et la tenue de réunions d’intellectuels avaient pourtant laissé espérer, […]
(RSF/IFEX) – La promulgation d’une loi plus restrictive sur la presse, qui fait suite aux arrestations de grandes figures politiques et de la société civile, démontre, une fois de plus, l’absence de volonté des autorités syriennes de libéraliser l’information. L’autorisation de publication de nouveaux journaux et la tenue de réunions d’intellectuels avaient pourtant laissé espérer, au premier semestre 2001, une plus large liberté d’expression. « Promulguée par le président syrien, Bachar el-Assad, cette nouvelle loi, qui renforce les peines pour les délits de presse, permet de légaliser la censure et la répression. Elle va désormais légitimer les arrestations de ceux qui réclamaient plus de réformes et de libertés. Il y a six mois, on pensait Bachar el-Assad prêt à rompre avec les méthodes dictatoriales de son père. Force est de constater, aujourd’hui, qu’il est revenu à une politique de répression. La porte est désormais ouverte à toutes sortes de dérives », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
De grandes figures politiques et de la société civile – dont Riad el Turk, leader du Parti communiste / Bureau politique (parti interdit), Maamoun el-Homsi et Riad Seif, députés, et Aref Dalila, économiste – ont été arrêtées ces dernières semaines. El Turk a été accusé de « violation de la Constitution », el-Homsi et Seif de vouloir stopper les réformes de modernisation et dénigrer l’État et Dalila d’avoir commis des actes en violation de la loi.
Quant au nouveau décret sur la presse promulgué le 22 septembre 2001, il accorde un droit de veto au Premier ministre si ce dernier juge que la nouvelle publication « nuit à l’intérêt général ». Les journalistes « rapportant de fausses informations et falsifiant des documents » sont passibles de peines de prison allant de un à trois ans et de fortes amendes. « Ceux qui contactent un pays étranger et en reçoivent des sommes d’argent en échange de propagande pour ce pays ou pour ses projets » seront punis de peines de prison pouvant aller de six mois à deux ans. De même, toute publication « appelant à amender la Constitution d’une manière anticonstitutionnelle et à la révolte contre les autorités » aura sa licence annulée, et la parution de « documents secrets du Parlement et d’articles et informations portant atteinte à la sécurité nationale, l’unité de la société ou ayant trait à l’armée » sera interdite. Jusqu’alors, c’était une loi moins sévère, datant de 1949, qui régissait les affaires de presse.
Le journaliste Nizar Nayyouf, sorti de prison en mai après avoir passé neuf ans en détention, tomberait directement sous le coup de cette loi s’il retournait en Syrie. Un mandat d’arrêt a notamment été délivré contre lui en septembre. Le journaliste est accusé de « tentative de modification de la Constitution de manière illégale et de publication d’informations mensongères à l’étranger ». Depuis sa libération, il avait tenu, dans les médias arabes, des propos critiques sur le régime syrien. Un autre journaliste est actuellement emprisonné en Syrie pour avoir, entre autres, « diffusé de fausses informations ». Arrêté en 1996, Isma’il, collaborateur du bulletin clandestin « Al Democrati », a été condamné à dix ans de prison et incarcéré à la prison de Seydnaya, à Damas (consulter des alertes de l’IFEX des 12 et 7 septembre, 16 juillet, 25, 22 et 20 juin, 7 mai, 30, 25 et 4 avril, 1er mars, 27 et 15 février et 26 janvier 2001, 20 novembre, 28, 11 et 6 juillet, 12 juin, 30, 12 et 2 mai 2000, 23 novembre, 25 et 4 octobre, 20 et 1er avril et 10 mars 1999, 20 novembre, 29, 17 et 10 septembre 1998 et 25 septembre 1996).
L’organisation rappelle que le président syrien, Bachar el-Assad, est considéré par l’organisation comme l’un des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.