(RSF/IFEX) – Au lendemain du procès du journaliste centrafricain Maka Gbossokoto, directeur de la publication du quotidien indépendant « Le Citoyen » et correspondant de RSF, l’organisation exige sa libération immédiate et l’abandon des poursuites contre le journaliste. Le procureur du Tribunal de Grande Instance de Bangui a requis, le 16 juillet 2004, douze mois de prison […]
(RSF/IFEX) – Au lendemain du procès du journaliste centrafricain Maka Gbossokoto, directeur de la publication du quotidien indépendant « Le Citoyen » et correspondant de RSF, l’organisation exige sa libération immédiate et l’abandon des poursuites contre le journaliste. Le procureur du Tribunal de Grande Instance de Bangui a requis, le 16 juillet 2004, douze mois de prison ferme pour « diffamation » et « injures publiques », assortis d’une amende.
« Alors que les autorités centrafricaines, lors de leur arrivée au pouvoir au printemps 2003, s’étaient exprimées en faveur de la dépénalisation des délits de presse, l’arrestation et le procès de Gbossokoto montrent que nous sommes aujourd’hui très loin de ces bonnes intentions », a déclaré RSF, avant de poursuivre, « Le réquisitoire du procureur, d’une grande sévérité, va totalement à l’encontre de la liberté de l’information, faisant du gouvernement de François Bozizé l’un des régimes les plus répressifs pour l’indépendance des médias sur le continent africain ».
« Il est intolérable que le journaliste, incarcéré depuis le 8 juillet, reste un mois en détention provisoire en attendant une éventuelle relaxe, le 9 août, date du délibéré. Seule sa libération immédiate et l’abandon des poursuites pourraient mettre un terme à ce scandale », a conclu l’organisation.
Le correspondant de RSF et directeur de publication du quotidien « Le Citoyen » est poursuivi à la suite d’une plainte déposée par l’ancien directeur général de la société d’énergie centrafricaine (ENERCA), Jean-Serge Wafio, démis de ses fonctions en juin par le président de la République, pour mauvaise gestion, et accusé de détournement de fonds dans différents articles du « Citoyen ».
Gbossokoto a comparu, le 16 juillet, devant le Tribunal de Grande Instance de Bangui pour « diffamation » et « injures publiques ». A l’issue de l’audience, le tribunal, présidé par Trinité M’Bango-Sangafio, a mis son jugement en délibéré au 9 août prochain, rejetant la demande de mise en liberté provisoire déposée par le prévenu.
Le procureur du Tribunal de Grande Instance de Bangui a requis douze mois de prison ferme assortis d’une amende. Les avocats du directeur de la publication « Le Citoyen », parmi lesquels Nicolas Tiangaye, président du Conseil national de transition (CNT, Parlement centrafricain de transition), ont, quant à eux, réclamé la relaxe de leur client, invoquant notamment la nullité de la procédure.
Une centaine de personnes avait pris place dans la salle d’audience, tandis qu’une foule importante attendait à l’extérieur du palais de justice. Gbossokoto a été arrêté le 8 juillet, puis inculpé et écroué le 12. Son arrestation et son incarcération ont suscité de nombreuses protestations, notamment du Groupement centrafricain des éditeurs de la presse privée et indépendante (Geppic), qui a suspendu pendant une semaine la parution de tous ses titres.
Cette affaire se déroule dans un contexte de harcèlement général de la presse privée. Dans deux communiqués officiels datant du 7 juillet, le ministre centrafricain de la Communication, le lieutenant-colonel Parfait M’Bay, a adressé de sérieuses mises en garde aux médias indépendants.
Dans la première, il a dénoncé les « graves dérives constatées ces derniers temps dans certains organes de la presse privée indépendante écrite dont quelques-uns sont instrumentalisés par certains compatriotes pour désinformer, manipuler et nuire à l’image des plus hautes personnalités de l’Etat et d’autres compatriotes ». A ce titre, il a tenu à rappeler aux directeurs de publication des journaux visés ce qu’il attend d’eux : « Dire la vérité, rien que la vérité, tout en sachant que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ».
Dans le deuxième message, il a menacé ces mêmes directeurs de publication de fermer leurs journaux si ceux-ci n’avaient pas rempli, au 15 juillet, les conditions d’obtention de l’autorisation de publication, conformément aux termes de la loi relative à la liberté de la communication.
Par ailleurs, le 9 juillet, le procureur général de la Cour d’Appel de Bangui, Sylvain N’Zas, a publiquement accusé la presse privée de tenir des « propos désobligeants » envers des dirigeants du pays et menacé d’appliquer la loi « dans toute sa rigueur ».