Reporters sans frontières demande au président de la République, Jacob Zuma, de ne pas promulguer la "Protection of state information bill" (POSIB), laquelle menace gravement la transparence, la liberté d’expression et la redevabilité des dirigeants vis-à-vis des citoyens.
Reporters sans frontières exprime sa vive déception après l’adoption, le 25 avril 2013, par le parlement sud-africain, de la « Protection of state information bill » (POSIB). Le texte a été voté à 190 voix pour, 73 contre, et une abstention.
Cette loi avait déjà été adoptée fin 2011, mais l’opposition avait exigé des amendements, et le Conseil national des provinces (« National council of provinces ») avait alors légèrement retouché le texte. Les changements apportés demeurent cependant insuffisants.
Reporters sans frontières demande au président de la République, Jacob Zuma, de ne pas promulguer ce texte, lequel menace gravement la transparence, la liberté d’expression et la redevabilité des dirigeants vis-à-vis des citoyens.
« L’adoption de cette loi par le congrès sud-africain s’apparente à un passage en force. Le pouvoir se montre en effet sourd aux nombreuses protestations exprimées depuis cinq ans, lors de la première introduction du projet de loi. Inquiets face à la réduction prévisible du champ d’action des journalistes en cas de promulgation de la loi, nous nous joignons sans réserve aux protestations nationales, internationales et de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU. Le ‘modèle régional’ sud-africain est en danger », a déclaré l’organisation.
Pour les médias sud-africains, l’opposition politique, et les nombreux manifestants anti-POSIB, ce texte fait reculer la liberté de l’information en exposant les journalistes à des sanctions très lourdes et en les contraignant à l’autocensure. Une peine de prison maximum de vingt-cinq ans en cas de divulgation de « secrets d’Etat » met en danger les journalistes qui agissent souvent comme des révélateurs d’informations classifiées.
Les opposants à la loi lui reprochent d’avoir été conçue pour empêcher ou dissuader les journalistes d’enquêter sur les faits de corruption dans l’entourage du président Jacob Zuma ainsi qu’au sein du gouvernement et du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir).
Depuis 2009, l’Afrique du Sud a perdu dix-neuf places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays se situe en 2013 au 52e rang, sur 179 pays.