(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre de RSF au ministre burkinabé Djibrill Bassolé, datée du 18 septembre 1999, protestant le refoulement de ses représentants à l’aéroport de Ouagadougou le 17 septembre: Monsieur Djibrill Bassolé Ministre délégué chargé de la Sécurité Ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité Ouagadougou – Burkina Faso Paris, le 18 septembre […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, une lettre de RSF au ministre burkinabé Djibrill
Bassolé, datée du 18 septembre 1999, protestant le refoulement de ses
représentants à l’aéroport de Ouagadougou le 17 septembre:
Monsieur Djibrill Bassolé
Ministre délégué chargé de la Sécurité
Ministère de l’Administration territoriale
et de la Sécurité
Ouagadougou – Burkina Faso
Paris, le 18 septembre 1999
Monsieur le Ministre,
A notre arrivée à l’aéroport de Ouagadougou, le 17 septembre à 16h55, nous
avons été interpellés par des hommes en civil se présentant comme des
policiers. Ceux-ci nous ont signifié que le chef d’état-major de la
gendarmerie avait donné l’ordre de nous faire « remonter dans l’avion ». Faute
d’explications, nous leur avons alors demandé un document écrit confirmant
cette décision et la possibilité de joindre un diplomate en poste dans la
capitale burkinabé. Au bout d’une heure, sans plus d’explication, ces mêmes
personnes nous ont reconduits manu militari dans l’avion à destination de
Bamako, au Mali.
Je souhaite vous faire part de mon indignation face à un tel comportement.
Je vous rappelle que, lors du Sommet de la francophonie à Moncton, le 3
septembre 1999, le ministre burkinabé de la Communication ainsi que
l’ambassadeur du Burkina Faso à Paris, nous avaient certifié que Reporters
sans frontières était « bienvenue au Burkina Faso ». Par ailleurs, au mois de
juillet dernier, vous nous aviez fait part de votre souhait de « différer
l’exécution de [notre] mission » avant de nous préciser que nous pourrions
venir « au Burkina à une période plus convenable ». Soucieux de préserver un
dialogue avec les autorités de votre pays, nous avions accepté de reporter
notre voyage jusqu’à ce jour.
Alors que nous voulions nous rendre à Ouagadougou afin de faire le point sur
les avancées de l’enquête concernant la mort de Norbert Zongo, la décision
de nous refuser l’entrée sur votre territoire va à l’encontre d’un règlement
rapide de cette affaire. Il nous semble également de plus en plus évident
que le gouvernement et le chef de l’Etat ne veulent pas que toute la lumière
soit faite sur ce dossier. Cela ne fait que confirmer les conclusions de la
Commission d’enquête indépendante qui affirmait, en mai dernier, qu’il « faut
chercher les mobiles de ce meurtre (S) du côté des enquêtes menées par le
journaliste et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort
de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la
présidence ».
Malgré l’impossibilité pour ses représentants de se rendre au Burkina Faso,
Reporters sans frontières mettra tout en oeuvre pour que l’enquête sur
l’assassinat de Norbert Zongo n’en reste pas là et que ses auteurs et ses
commanditaires soient poursuivis en justice et condamnés.
En protestant, une fois encore, contre cette décision, je vous prie
d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Robert Ménard,
Secrétaire général
Recommended Action
Veuillez envoyer des lettres de protestation à:
Appeals To
Monsieur Djibrill Bassolé
Ministre délégué chargé de la Sécurité
Ministère de l’Administration territoriale
et de la Sécurité
Ouagadougou – Burkina Faso
Envoyer des copies de vos protestations à l’initiateur si possible.