(RSF/IFEX) – RSF se réjouit de la libération sous caution, le 16 décembre 2001, après neuf mois de détention, de Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel réformateur suspendu « Iran-é-Farda » (« Iran demain ») et lauréat du 10e prix RSF qui lui a été décerné le 28 novembre. Partisan d’un État laïc, Alijani est, depuis plusieurs années, […]
(RSF/IFEX) – RSF se réjouit de la libération sous caution, le 16 décembre 2001, après neuf mois de détention, de Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel réformateur suspendu « Iran-é-Farda » (« Iran demain ») et lauréat du 10e prix RSF qui lui a été décerné le 28 novembre. Partisan d’un État laïc, Alijani est, depuis plusieurs années, dans le collimateur des conservateurs. Convoqué par les tribunaux révolutionnaires et menacé de mort à maintes reprises pour ses prises de position en faveur de la liberté de la presse et des réformes, il avait été arrêté en février, dix mois après l’interdiction de son magazine. Le journaliste était accusé d’avoir agi « contre la sécurité de l’État ». Alijani a passé au total 295 jours en prison sans avoir été jugé et aucune date n’a encore été fixée pour son procès. « Nous avons accueilli avec joie la nouvelle de la libération de Reza Alijani mais nous ne devons pas oublier que l’Iran demeure la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes », a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation.
En effet, dans le même temps, le gouvernement iranien continue sa répression. Ainsi, l’hebdomadaire réformateur « Asr-e-Ma » a été fermé le 15 décembre et son directeur, Mohammad Salamati, condamné à vingt-six mois de prison. Le journaliste, qui a fait appel, demeure en liberté. Il était poursuivi par la justice pour avoir propagé en décembre 2000 une rumeur sur une tentative de destitution du président Khatami. Salamati avait assuré devant des étudiants qu' »une motion a été déposée auprès de la Cour suprême par le courant conservateur » accusant le président Khatami d' »incapacité » à assurer ses fonctions. Cette « rumeur » avait été démentie de source officielle. Un responsable judiciaire, Abassalki Alizadeh, avait alors déposé une plainte contre le journaliste, qui avait publié, le 12 décembre 2000, une mise au point déplorant « la façon dont la radio et la télévision ainsi que la justice ont réagi à (mes) propos ».
« Asr-e-Ma » est le second titre à avoir été suspendu en quatre jours en Iran. « Neda-ye-hormozgan », un hebdomadaire réformateur publié dans la province du Hormozgan (sud), a été suspendu le 13 décembre et son rédacteur en chef, Gholam-Hossein Ataiee, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis. Le journaliste a également été condamné à payer une amende de 15 millions de rials (environ 8 600 $US ; 9 500 euros). Les charges qui pèsent contre lui demeurent inconnues.
RSF rappelle que l’Iran détient aujourd’hui le triste record d’être la plus grande prison pour les journalistes du Moyen-Orient avec dix-sept personnes derrière les barreaux. Dominée par les conservateurs, la justice a suspendu, depuis avril 2000, une vingtaine de quotidiens, une trentaine de périodiques réformateurs, et emprisonné des dizaines de journalistes. La plupart d’entre eux n’ont toujours pas été jugés après des mois d’emprisonnement. Ali Khamenei, le Guide de la République islamique, est l’un des trente-neuf prédateurs de la liberté de la presse recensés dans le monde par RSF.