Dès le 4 novembre, en l’espace d’un week-end, les deux médias les plus suivis de la RDC, la radio française RFI, et la radio onusienne, Radio Okapi, ont vu leurs signaux d’émission brouillés, sans aucune explication préalable.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 7 novembre 2016.
Reporters sans frontières (RSF) et Journaliste en danger (JED), son organisation partenaire en République démocratique du Congo (RDC), dénoncent, ce 7 novembre 2016, le brouillage des deux radios les plus écoutées du pays, dans un contexte politique et social des plus tendus.
Dès le 4 novembre, en l’espace d’un week-end, les deux médias les plus suivis de la RDC, la radio française RFI, et la radio onusienne, Radio Okapi, ont vu leurs signaux d’émission brouillés, sans aucune explication préalable.
Interrogé sur cette coupure, le ministre Lambert Mendé a déclaré que RFI était devenu “la caisse de résonance et l’attaché de presse » des organisateurs du meeting de l’opposition. Concernant la coupure de Radio Okapi, il a balayé la question, renvoyant la responsabilité au ministre des Affaires étrangères, au prétexte que la radio dépend de la Mission des Nations unies.
« Cette interruption des signaux des deux radios les plus écoutées du pays est très inquiétante, déclare Clea Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Les déclarations du ministre Lambert Mendé montrent que les autorités ne nient pas être à l’origine de ce brouillage. Dans le contexte politique fragile de la RDC, ce type de censure peut profondément affecter l’ordre social, en plus d’enfreindre les droits des citoyens congolais. Nous demandons aux autorités du pays de rétablir le signal des deux radios le plus rapidement possible et de cesser ces atteintes à la liberté de l’information dans le pays.”
Ces suspensions sont intervenues alors que devait se tenir, le lendemain à Kinshasa un rassemblement des principaux partis de l’opposition. Or, depuis les manifestations des 19 et 20 septembre derniers, ensanglantées par la répression des forces de l’ordre, le gouvernement provincial de Kinshasa a interdit toute manifestation publique.
Ce rassemblement a été empêché par les forces de sécurité qui ont occupé le terrain prévu à cet effet, toute la journée. Des patrouilles en ville dispersaient les regroupements spontanés à coups de gaz lacrymogènes.
Depuis que la situation politique s’enlise et que le processus électoral tourne en un bras de fer entre le pouvoir et l’opposition, les médias qui donnent la parole à l’opposition politique sont susceptibles de faire l’objet de représailles et de suspensions. Au moins une dizaine d’entre eux, ont fait l’objet de fermetures arbitraires au cours des derniers 24 mois. Seuls deux ont été rouverts en août dernier dans le cadre de la tenue du dialogue politique boudé par les partis du Rassemblement. Il s’agit de Canal Futur Télévision (CFTV), de Vital Kamhere et Canal Kin Télévision (CKTV) de Jean-Pierre Bemba après plus d’un an de fermeture.
La République démocratique du Congo est classée 152ème pays sur 180 au Classement sur la liberté de la presse établi en 2016.